Présidentielles américaines de 2024 : L’avenir des relations historiques entre les États-Unis et le Moyen-Orient en jeu

Janvier 2025, Article de Elia Razouk

Le mardi 5 novembre 2024, tout s'est joué pour Donald Trump et Kamala Harris. Des millions d'Américains, de New York à Hollywood, se sont rendus aux urnes pour choisir qui prendra les rênes de la Maison Blanche. C'est finalement Donald Trump, l'ex-président de 76 ans, qui a remporté l'élection, malgré ses propos controversés, comme celui suggérant que les immigrés « mangent des chiens et des chats ». Son adversair e, Kamala Harris, ancienne procureure générale de Californie, n'est pas parvenue à marquer l'histoire en devenant la première présidente des États-Unis. Ces deux candidats, issus de partis politiques différents, défendent des visions radicalement opposées et cela même en matière de politique étrangère, bien que certains axes de leurs idéaux présentent des similitudes. Cette ambiguïté se manifeste dans leurs programmes électoraux, qui présentent des propositions très différentes, en particulier en ce qui concerne le Moyen-Orient. Cependant, l’implication des États-Unis au Moyen-Orient date de bien avant le XXIe siècle, et ses conséquences sur les populations de la région sont profondes. Il s’agit ainsi d'interpréter les enjeux des élections présidentielles américaines sur les dynamiques du Moyen-Orient.

I. Des Relations Historiques: L’interventionnisme américain au Moyen-Orient

L’histoire témoigne d’un passé plus ou moins long de présence américaine dans le Moyen-Orient, laissant aujourd'hui des empreintes indéniables dans les sociétés orientales. L’expédition navale de 1801-1805 contre la régence de Tripoli et la participation américaine à l’intervention européenne de 1815 pour mettre fin aux problèmes occasionnés par la course (piraterie) en Méditerranée marquent l’arrivée des États-Unis dans la région conduisant au maintien d’une présence navale américaine, qui donnera naissance en 1946 à la sixième flotte de l’US Navy.

  1. Début du XXéme siècle : des intérêts économiques et stratégiques

Les États-Unis, souvent considérés comme un idéal-type de société capitaliste, voient dans le Moyen-Orient une région stratégique capable de répondre à leurs aspirations économiques et géopolitiques. Cet intérêt stratégique s’inscrit dans une tradition de politiques interventionnistes et de diplomatie active.

La découverte de pétrole en Perse en 1908 marque un tournant en révélant le potentiel énergétique de la région. Bien que les États-Unis dominent la production et l’exportation pétrolières mondiales pendant près de 50 ans, leurs compagnies commencent très tôt à s’intéresser au pétrole du Moyen-Orient. Dès 1919, la Standard Oil of New Jersey, l’une des « Sept Sœurs » [1] qui dominent le marché pétrolier mondial, explore la vallée de l’Euphrate. Cependant, leur véritable entrée en Mésopotamie n’a lieu qu’en 1928.

Dans les années 1930, d’autres zones du Golfe Persique, comme Bahreïn, le Qatar, le Koweït et l’Arabie saoudite, révèlent progressivement leurs richesses pétrolières. En Arabie saoudite, les États-Unis tirent parti de la méfiance d’Ibn Saoud envers les Britanniques pour s’y implanter. En 1933, la Standard Oil of California (Socal), déjà active à Bahreïn, obtient une concession de 60 ans pour développer l’industrie pétrolière saoudienne. Ce partenariat s’opère avec la California Arabian Standard Oil Company (CASOC), qui devient l’Arabian-American Oil Company (Aramco) en 1944. Ainsi, le Moyen-Orient s’affirme rapidement comme une région clé pour les États-Unis, à la fois pour ses ressources énergétiques et pour leur stratégie de sécurisation des approvisionnements.

2. Après la Seconde Guerre mondiale : L’essor de l’influence américaine

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis prennent pleinement conscience du potentiel stratégique des vastes gisements pétroliers d’Arabie saoudite. Le 14 février 1945, au retour de la conférence de Yalta, le président Franklin D. Roosevelt rencontre le roi Ibn Saoud à bord du croiseur Quincy dans le canal de Suez. Cette rencontre marque un tournant décisif dans les relations américano-saoudiennes. L'accord informel qui en découle, offre aux compagnies pétrolières américaines un accès privilégié aux ressources saoudiennes, leur permettant de rivaliser avec les Britanniques, alors fortement implantés en Irak. En échange, Roosevelt promet au roi un soutien financier ainsi qu’une protection militaire contre toute menace interne ou externe. Souvent désigné comme le « Pacte du Quincy », cet accord symbolise une alliance stratégique entre les deux nations, qui a su traverser les crises géopolitiques.

Toutefois, bien que l’intérêt américain se développe au début du XXéme siècle, la présence des États-Unis au Moyen-Orient était principalement culturelle et économique. Des missionnaires évangéliques ouvrent des institutions éducatives, comme l’Université américaine de Beyrouth et l’École Polytechnique de Téhéran.

C’est après la Seconde Guerre mondiale que l’interventionnisme militaire s’intensifie, notamment avec la Guerre du Golfe en 1990 qui marque une rupture majeure dans l’histoire de la présence américaine dans la région.
L’après-Seconde Guerre mondiale voit l’extrême affaiblissement des deux puissances coloniales, France et Royaume-Uni, et en parallèle, la montée en puissance des États-Unis. La présence américaine au Moyen-Orient s’articule dès lors autour d’intérêts durables dans la région (pétrole, soutien à Israël, alliances arabes et surtout lutte contre l’influence soviétique) nécessitant un fort activisme américain au Moyen-Orient. C’est dans ce contexte que l’activisme de l’administration G. W. Bush atteignait alors un niveau inédit. Depuis, le Moyen-Orient reste au cœur des stratégies géopolitiques américaines.

3. La Guerre froide : un paroxysme atteint

Pendant la guerre froide, de 1947 à 1991, l'interventionnisme américain au Moyen-Orient devient impossible à ignorer, s’imposant comme un élément central de la géopolitique régionale. En effet, durant cette période mouvementée, les américains cherchent à s'impliquer le plus possible pour contrer l’influence soviétique. À partir de la moitié du XXème siècle, les puissances coloniales européennes, comme la France et la Grande-Bretagne, voient leur influence décliner alors que les États-Unis et l’URSS s’imposent comme les nouveaux acteurs majeurs de la région.

En 1942, les États-Unis établissent une base militaire à Dhahran, en Arabie saoudite, pour soutenir l’approvisionnement logistique de l’Union soviétique. Les conférences du Caire et de Téhéran en 1943 renforcent également le rôle stratégique de la région en tant que carrefour géopolitique mondial.

En 1953, les États-Unis et le Royaume-Uni orchestrent une opération secrète en réponse à la nationalisation de l’industrie pétrolière iranienne par le Premier ministre Mohammad Mossadegh. Initiée en 1951, cette nationalisation concernait la concession de l’Anglo-Iranian Oil Company [2], qui était devenue une question préoccupante dans la vie politique iranienne.

Cet événement déclenche, par la suite, une crise majeure avec le Royaume-Uni, qui impose de lourdes sanctions économiques à l’Iran, aggravant les tensions internes et fragilisant le gouvernement. Conçue et menée par la CIA avec l’appui du MI6, l’opération visait à destituer Mossadegh par un coup d’État et à le remplacer par le général Fazlollah Zahedi. Ce plan, validé en juillet 1953 par Winston Churchill et Dwight D. Eisenhower, se déroule principalement dans la nuit du 15 au 16 août. Il s'appuie sur le soutien stratégique de plusieurs acteurs influents, notamment des membres du clergé iranien, d'une majorité parlementaire, et du shah d’Iran. Le shah, exilé temporairement après une tentative de coup d’État infructueuse, rentre en Iran le 22 août avec le soutien des puissances occidentales.

En 1954, un nouvel accord pétrolier est signé, rétablissant la présence des compagnies pétrolières étrangères en Iran et consolidant l’influence américaine dans le pays.

On sait très bien que durant la guerre froide, les États-Unis ont établi progressivement une présence stratégique au Moyen-Orient, renforçant leur contrôle sur les réserves pétrolières massives de la péninsule arabique.
Toutefois, cette politique visait également à contrer l’influence soviétique en alimentant le sentiment d’encerclement ressenti par Moscou. Les américains et les britanniques souhaitaient avant tout contrôler les relations diplomatiques de l’Iran pour éviter un rapprochement avec l’URSS. En effet, Moscou avait soutenu le parti communiste iranien, le Tudeh, notamment dans sa stratégie de nationalisation de l'Anglo-Iranian Oil Company, cherchant éventuellement à encourager un détachement progressive de l’Iran vis-à-vis de l’influence américaine.

Les États-Unis adoptent une stratégie de « pactomanie » pour isoler l'URSS en formant des pactes et des alliances militaires. En 1955, la signature du Pacte de Bagdad accélère ce processus. Cet accord structuré sur le modèle de l’OTAN, auquel participent le Royaume-Uni, la Turquie, l’Irak, l’Iran et le Pakistan, fait partie de la stratégie américaine de « containment » durant la guerre froide, visant à freiner l'expansion de l'influence soviétique à l'échelle mondiale. Le Pacte de Bagdad provoque des divisions profondes au sein du monde arabe, s'opposant aux ambitions panarabes portées par Nasser, qui mène une campagne farouche contre cette alliance, liant l'Irak à des puissances occidentales. L'Égypte, soutenue par l'Arabie Saoudite et la Syrie, rejette le pacte, tandis que des pressions populaires forcent la Jordanie et le Liban à s'en éloigner.

Paradoxalement, cette opposition renforce le nationalisme arabe et ouvre la porte à une influence accrue de l’URSS. En 1955, Nasser bouleverse l'équilibre des forces au Proche-Orient en rompant le monopole britannique sur les armes avec un accord militaire signé avec la Tchécoslovaquie, suivi par l'évacuation des troupes britanniques du canal de Suez. L’année suivante, il nationalise le canal pour financer le barrage d’Assouan, après le refus des États-Unis et du Royaume-Uni de soutenir le projet. Cette décision déclenche une crise internationale, menaçant les intérêts britanniques, français et israéliens. En octobre 1956, les trois pays concluent un accord secret à Sèvres pour organiser une intervention militaire. Israël attaque l’Égypte le 29 octobre, suivie d’une intervention franco-britannique. Face à la menace nucléaire de l’URSS et aux pressions économiques et diplomatiques des États-Unis, les forces occidentales se retirent. L’ONU impose un cessez-le-feu et déploie la Force d’urgence des Nations unies, donnant naissance aux Casques bleus.

4. Les années 1970 : entre alliances et rébellion

Bien que les États-Unis établissent principalement des accords économiques et stratégiques avec plusieurs pays de la région, notamment les monarchies du Golfe, leur allié privilégié au Moyen-Orient demeure Israël, tandis que le monde arabe penche davantage vers le bloc de l'Est et l'Union soviétique. La relation diplomatique entre ces deux nations s'est progressivement renforcée après la proclamation de l'État juif en 1948. La création même de l’État d'Israël a été fortement encouragée par les chrétiens sionistes aux États-Unis. Ces derniers sont persuadés que le retour du Messie est conditionné par le retour des Hébreux sur les terres promises par Dieu. Ainsi, en 1948, le président Harry S. Truman, fervent croyant, reconnaît immédiatement Israël. Les États-Unis sont déterminés à protéger le peuple juif après le traumatisme de la Shoah. Ainsi, Israël bénéficie d'une aide économique et militaire considérable qui perdure jusqu'à nos jours. Cette alliance est complétée par un soutien diplomatique, les États-Unis mettent leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer toute résolution condamnant Israël.

En 1967, Israël lance une attaque contre l'Égypte, la Syrie et la Jordanie. En seulement six jours, du 5 au 10 juin, le pays occupe la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), le Golan, Gaza et le Sinaï. Malgré les cessez-le-feu, aucun accord de paix n'est conclu entre Israël et les pays arabes. L'ONU adopte la résolution 242, qui appelle à la restitution des territoires occupés en échange de la paix et de la reconnaissance d'Israël par ses voisins. En réponse, les pays arabes signent la résolution de Khartoum, refusant de reconnaître Israël ou de négocier avec lui. Israël, quant à lui, ne respecte pas la résolution 242, refusant de retirer ses troupes des territoires occupés. L'offensive de 1973, aussi connue sous le nom de guerre de Kippour, lancée par le président égyptien Anouar el-Sadate, successeur de Nasser, visait principalement à récupérer les territoires perdus par l'Égypte lors de la guerre des Six Jours en 1967. Pour appuyer la contre-offensive israélienne contre les armées arabes, les États-Unis mettent en place un pont aérien afin de fournir un soutien logistique à l'armée israélienne. Cette guerre marque la première co-belligérance entre les États-Unis et Israël, soulignant les alliances stratégiques en jeu dans le conflit. Face à cette situation, le roi Fayçal d'Arabie Saoudite décide, en coordination avec l'OPEP, de restreindre la production de pétrole et d'imposer un embargo aux États-Unis et à d'autres pays soutenant Israël, entraînant une flambée des prix du pétrole qui quadruple. On peut donc affirmer que ce premier choc pétrolier a eu un impact décisif sur les économies occidentales. Par ailleurs, les revenus générés par cette hausse permettent aux pays producteurs arabes de renforcer leur solidarité et de financer l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

En 1976, Jimmy Carter devient président des États-Unis. Fort de sa foi chrétienne, il interprète la Bible différemment des sionistes chrétiens, convaincu que sa mission est de réconcilier les « enfants d'Abraham ». Il plaide pour la création d'une « Home Land » pour les Palestiniens, suggérant que les Palestiniens et les Israéliens doivent avoir les mêmes droits. Cette position renforce les sionistes chrétiens, qui le considèrent comme un traître et fondent une organisation, la « Moral Majority », dirigée par Jerry Falwell, avec des objectifs tels que la lutte contre l'avortement et un soutien inconditionnel à Israël. Bien que Carter rencontre Rabin, Hussein et Sadate, il ne parvient pas à entrer en contact avec l'OLP en raison de l'interdiction imposée tant que celle-ci ne reconnaît pas la résolution 242. En septembre 1978, Carter accueille à Camp David, pendant treize jours, Begin et Sadate, dans un isolement total, loin du reste du monde, ce qui rend la situation extrêmement tendue. Begin se trouve en position de force, car l'accord n'est pas nécessaire et indispensable à la survie d'Israël. Sadate, quant à lui, cherche absolument un compromis pour récupérer le Sinaï, tandis que Carter veut avant tout garantir la paix par un traité. Finalement, Begin sort triomphant des négociations, obtenant deux accords distincts : l'un établissant les principes d'un traité de paix entre Israël et l'Égypte, et l'autre posant les bases d'une solution pour la question palestinienne: les accords de Camp David [3].

En Asie de l’Ouest, en novembre 1979, des étudiants iraniens s’emparent de l’ambassade des États-Unis à Téhéran, prenant une cinquantaine d’otages pour exiger le retour de l’ex-shah Mohammad Reza Pahlavi, réfugié aux États-Unis. Le shah, confronté à une opposition grandissante dans les années 1970, quitte l’Iran en janvier 1979 après des mois de répression. Quelques mois plus tard, en avril 1979, l’ayatollah Khomeiny rentre en Iran et instaure la République islamique. La prise d’otages se prolonge jusqu’en 1981 et joue un rôle majeur dans la défaite de Jimmy Carter lors des élections présidentielles de 1980. Ce n'est qu'après l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir que les otages sont libérés.

5. Les années 1980 : une militarisation de l’engagement américain

Un an plus tard, l'Iran entre en guerre avec l'Irak. Le 22 septembre 1980, Saddam Hussein déclenche une offensive contre l'Iran, invoquant la violation des accords d'Alger de 1975 [4]. Il accuse Téhéran de ne pas respecter les accords, notamment sur le partage de la région stratégique de Chatt-el-Arab. Toutefois, derrière cette justification, l'invasion de l'Iran répond à des motivations géopolitiques et économiques plus profondes. Le régime irakien craint que la révolution iranienne de 1979, qui a porté l'ayatollah Khomeini au pouvoir, n'inspire des soulèvements chiites en Irak. Par ailleurs, l'Irak cherche à remplacer l'Iran en tant que puissance dominante du golfe Persique.

Au début du conflit, les États-Unis adoptent une position neutre, mais au fil du temps, leur soutien à l'Irak se renforce. Cette évolution est motivée par plusieurs facteurs : la révolution iranienne de 1979 qui a renversé l'allié traditionnel des États-Unis, le shah d'Iran, et l'ascension de l'ayatollah Khomeini, qui adopte une rhétorique anti-américaine. De plus, Washington craint la propagation de la révolution islamique dans la région et le rapprochement de l'Iran avec l'URSS, ce qui aurait compromis ses intérêts stratégiques, notamment pétroliers, dans le Golfe. En 1982, après la destruction de la centrale nucléaire irakienne d'Osirak par Israël, les États-Unis considèrent la menace nucléaire irakienne comme écartée, ce qui permet à Washington de renforcer son soutien à Saddam Hussein. Cette année-là, les États-Unis retirent l'Irak de la liste des États terroristes, facilitant ses achats d'armements et ses échanges commerciaux. Suite à l’affaire Iran-Contra, il devient de plus en plus difficile pour les États-Unis de rester neutres dans les tensions du Moyen-Orient.

Du côté libanais, le massacre des camps de Sabra et Chatila en 1982 provoque une onde de choc mondiale. Au matin du troisième jour, des diplomates pénètrent dans le camp de Chatila, révélant au grand jour l'ampleur de l'horreur qui provoque des réactions immédiates de dirigeants comme François Mitterrand et Ronald Reagan, qui interviennent publiquement. Face à cette tragédie, la France et les États-Unis décident de réinvestir Beyrouth, accompagnés par l'Italie. Chaque pays arrive avec des objectifs distincts. Pour les Américains, la sécurisation du nouveau président libanais, frère de l'ancien chef d'État assassiné, est primordiale.

6. L'Après Guerre Froide

À la suite de l'invasion et l'annexion du Koweït par l'Irak, l’opération « Tempête du désert » est déclenchée le 17 janvier 1991. Elle succède à l’Opération « Bouclier du désert » menée en 1990, qui avait marqué le début de la première guerre du Golfe. Cette dernière avait pour objectif de protéger l’Arabie saoudite tout en préparant la libération du Koweït. En l’espace de quarante jours, une coalition internationale de vingt-huit pays, dirigée par les États-Unis, parvient à libérer le Koweït et à mettre fin aux ambitions expansionnistes de Saddam Hussein. Ce dernier avait tenté de négocier un compromis conditionnant le retrait irakien au Koweït à la libération des territoires palestiniens occupés par Israël et du Liban sous contrôle syrien. Cette initiative étant rejetée, le régime irakien est contraint au retrait par la force. Dès le 2 août 1990, Washington sollicite l’intervention de l’Organisation des Nations unies. En réponse, le Conseil de sécurité adopte la résolution 660, exigeant le retrait immédiat des troupes irakiennes. Les États-Unis déploient alors des forces aériennes, navales et terrestres en Arabie saoudite pour préparer l’offensive, témoignant ainsi d’un premier interventionnisme militaire majeur de la part de Washington dans la région durant la guerre du Golfe.

7. Une rupture majeure suite au 9/11

Les attentats du 11 septembre 2001 à New York marquent le début d’un réengagement militaire massif des États-Unis au Moyen-Orient. La région devient le cœur d’une riposte américaine qui prend la forme d’une « Global War on Terror » [5]. Le passage d’une « lutte » à une « guerre » contre le terrorisme, va au-delà d’une simple expression, désignant une série d’opérations militaires menées par les États-Unis après les attentats du 9/11. Il s'agit d'une campagne internationale concrète visant à détruire les organisations terroristes. Dès le 7 octobre 2001, Washington lance une intervention en Afghanistan pour frapper le régime taliban et Al-Qaida. Cette opération, déclenchée en réponse au refus des talibans de livrer Oussama Ben Laden [6] et de fermer les camps d’entraînement terroristes, s’appuie sur une campagne de frappes aériennes, soutenue par leurs alliés.

En 2003, les États-Unis consolident leur présence militaire directe au cœur du monde arabe en envahissant l'Irak. Avec un déploiement massif de 135 000 à 160 000 soldats sur une force totale mobilisée de 600 000 hommes, ils démontrent une capacité militaire impressionnante qui leur permet de s’imposer comme une puissance incontournable dans la région. Contrairement aux années 1980 et 1990, où leur présence était plus discrète et opérait souvent « behind the scenes », les États-Unis s’installent durablement, soutenus par des bases stratégiques dans le Golfe.

Parmi ces bases clés figurent la base aérienne de Prince Sultan en Arabie saoudite, un pilier essentiel fourni par l’un de leurs principaux alliés dans la région, ainsi que des camps militaires au Koweït et au Qatar dont la base d'Al-Udeid, la plus grande installation militaire américaine au Moyen-Orient. Cette implantation est renforcée par leur alliance privilégiée avec Israël, qui leur confère une influence considérable sur les dynamiques internes du Moyen-Orient.

Cette forte présence illustre non seulement leur volonté d’intervenir activement dans les affaires régionales, mais aussi leur ambition affichée de promouvoir la démocratisation dans une région historiquement marquée par des régimes autoritaires. Cette volonté de démocratisation peut être perçue comme un prétexte pour remodeler des pays à l’image des États-Unis. Les sociétés arabes, et plus largement musulmanes, sont souvent dépeintes par l’Occident comme nécessitant une intervention extérieure pour atteindre un idéal-type démocratique à l’Occidentale. Cela remonte à une époque où les sociétés ottomanes étaient perçues comme inférieures ou « décivilisées » [7] par rapport aux sociétés occidentales.

Cette « ambition de démocratisation » s’inscrit également dans une stratégie de lutte contre le terrorisme, visant des organisations comme Al-Qaïda, l’État islamique, ainsi que, plus récemment, le Hezbollah et le Hamas. C’est dans ce contexte que la théorie du nation-building, popularisée par l’administration de George W. Bush, prend tout son sens. Ce concept, ancré dans une vision anglo-saxonne mais nourri par les idéaux nationalistes européens du XIXe siècle, consiste à reconstruire les institutions politiques et étatiques après un conflit, dans le but de forger des nations à l’image des États-Unis et de renforcer un axe occidental au Moyen-Orient. Le nation-building repose sur le transplant de modèles politiques occidentaux vers des régions considérées comme des « failed states » [8]. Ce processus dépasse le cadre classique de la démocratisation et mobilise des moyens humains, militaires et institutionnels considérables. Les puissances occidentales, et en particulier Washington, planifient leurs interventions stratégiquement pour stabiliser ces États, imaginer pour devenir des acteurs géopolitiques clés alignés sur leurs intérêts.

8. Une diaspora importante

La diaspora du Moyen-Orient aux États-Unis trouve ses racines au début du XXe siècle, particulièrement entre 1890 et 1920, avec une arrivée majoritaire de commerçants et de chrétiens syriens et libanais fuyant les persécutions ottomanes. Ces migrants provenaient principalement de la région syrienne, alors sous domination de l’empire Ottoman. L’afflux migratoire connaît une forte intensification au milieu du XXe siècle, notamment après certains événements marquants ayant eu lieu dans la région du Levant, tels que la guerre des Six Jours en 1967 et la guerre civile libanaise en 1975.
Aujourd'hui, plus de 3,5 millions de personnes d'origine arabe résident aux États-Unis, selon l'Institut arabo-américain, dont 62 % viennent du Levant. La communauté libanaise représente environ 0,16 % de la population américaine, et près de 32,4 % de l'ensemble des Arabo-Américains, dont les deux tiers sont chrétiens. D’autres communautés d'origine syrienne, égyptienne et irakienne sont également bien implantées, notamment dans des villes comme New York, Los Angeles, Detroit, Chicago et Dearborn, dans le Michigan. Bien que cette population arabo-américaine inclue une communauté arabo-chrétienne importante, elle regroupe également des musulmans (sunnites, chiites et alaouites), ainsi que des Kurdes et des Arméniens.

Les irano-américains sont également fortement représentés parmi différentes communautés étrangères aux États-Unis. Leur installation remonte aux années 1930, bien que l'immigration ait considérablement augmenté après la révolution iranienne de 1979. Ces derniers sont très bien intégrés dans la société. En effet, les Iraniens jouent un rôle significatif à travers de nombreuses institutions et sièges politiques. Selon une étude du MIT, cette communauté est l'une des plus représentées dans l'enseignement supérieur aux États-Unis.

En termes de politique, la diaspora arabe aux États-Unis montre une tendance à soutenir le Parti démocrate, notamment en raison de son engagement contre l'islamophobie et de ses politiques en matière d'immigration. Cependant, des différences notables de vote sont observées entre les communautés chrétiennes et musulmanes. Les Libanais, Égyptiens et Jordaniens tendent à être plus ouverts au discours républicain, qui met l'accent sur la défense de la liberté religieuse et les intérêts des minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Ces enjeux ont pris une place importante lors de l'élection présidentielle américaine de 2024, opposant Kamala Harris, du Parti démocrate, à l'ex-président Donald Trump, du Parti républicain. En outre, la question palestinienne a particulièrement influencé les choix électoraux, surtout après les événements du 7 octobre. Les deux partis ont proposé des approches distinctes concernant le Moyen-Orient, ce qui a affecté les électeurs américano-arabes de manière moins prévisible que lors des élections précédentes.

II. L’enjeu des élections selon deux visions distinctes, l’une démocrate et l’autre républicaine

  1. Les enjeux économiques, stratégiques et militaires dans la région

Du côté des républicains, la réélection de Donald Trump pourrait avoir un impact significatif sur l'économie des pays du Golfe. Pendant son premier mandat, Donald Trump a consolidé les relations économiques avec les États du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar. En mai 2017, lors de sa première visite officielle à l'étranger, il a conclu des accords commerciaux avec l'Arabie saoudite d'une valeur de 350 milliards de dollars sur dix ans, incluant des ventes d'armes et des investissements dans les infrastructures du royaume.

Par ailleurs, la signature des accords d'Abraham [9] en 2020, qui ont normalisé les relations diplomatiques entre Israël, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, a également ouvert la voie à de nouvelles collaborations économiques. Toutefois, actuellement, en prônant l'indépendance énergétique des États-Unis, Trump entend favoriser des politiques axées sur la production de combustibles fossiles. Cela pourrait renforcer encore l’indépendance énergétique des États-Unis face aux monarchies du Golfe, un objectif déjà soutenu par les politiques économiques américaines. En effet, en 2011, les importations pétrolières des États-Unis provenaient principalement du Canada (29 %) et du Venezuela (11 %), tandis que 22 % venaient du Golfe, dont 14 % d'Arabie saoudite [10]. Une telle évolution pourrait faire chuter les prix du pétrole, réduisant les revenus des pays du Golfe et les poussant à diversifier de leurs économies, encore largement dépendantes de l’or noir.

Sur le plan commercial, le protectionnisme instauré par Trump pourrait entraîner une diminution des exportations des pays du Golfe vers la Chine, un marché essentiel pour leurs hydrocarbures. En effet, un ralentissement économique en Chine, provoqué par la hausse des droits de douane, pourrait impacter directement les revenus des producteurs de pétrole du Golfe. Toutefois, les tensions croissantes entre Washington et Pékin pourraient également offrir aux pays du Golfe une opportunité stratégique : renforcer leur position comme hub commercial reliant la Chine au reste du monde. Dans ce contexte, ils devront élaborer des stratégies pour préserver leurs relations diplomatiques et économiques avec ces deux puissances mondiales.

En outre, Donald Trump cherche tout de même à maintenir une alliance stratégique avec les monarchies du Golfe en privilégiant un partenariat renforcé avec l’Arabie Saoudite, incluant des garanties de sécurité et un éventuel nouvel accord Quincy, tout en soutenant l’élargissement des accords Abraham.

C’est une logique que la candidate démocrate adopte également. K. Harris est, elle aussi, favorable à l’extension des Accords Abraham, notamment dans les domaines technologiques et énergétiques. Toutefois, les démocrates se focalisent plutôt sur une question humanitaire avec les monarchies du Golfe. Kamala Harris insiste sur le respect des droits humains, particulièrement en ce qui concerne la guerre au Yémen où elle insiste sur le retrait de l'aide militaire américaine apportée à l’Arabie Saoudite dans ce contexte et soutient une résolution tenant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane responsable du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi [11].

Kamala Harris soutient des initiatives avec Israël et Ryad pour contrer l'influence de la Chine et de la Russie, qui cherchent à s'imposer de plus en plus au Moyen-Orient. Bien que le programme de la vice-présidente s'inscrive globalement dans la continuité de la politique internationale de Joe Biden, elle se distingue par des initiatives davantage ancrées à gauche [12] et une attention particulière portée aux engagements humanitaires. Elle promeut avant tout dans sa politique étrangère, le processus de paix.

En 2018, elle souhaite la fin de la guerre en Afghanistan et un retrait responsable des troupes, soutenue par leurs alliés de la région, pour préserver les progrès réalisés notamment en matière de droits des femmes afghanes. Tandis que cette dernière adopte une approche diplomatique en renforçant les alliances régionales et soutenant ses alliés au Moyen-Orient, D. Trump opte plutôt pour une approche beaucoup plus militaire en soutenant le retrait militaire américain, qui s’explique par son approche plus isolationniste. Le retrait des troupes américaines, une promesse de Trump dès son premier mandat, pourrait se concrétiser par un retrait total des forces de Syrie et d'Irak, et peut-être d'autres pays. Ce qui laisse la gestion régionale aux alliés locaux comme Israël et l’Arabie Saoudite. En tant que sénatrice, Kamala Harris était aussi moins favorable que Joe Biden à une forte présence militaire américaine au Moyen-Orient.

2. Le conflit Israélo-Palestinien

Le conflit israélo-palestinien reste au centre des débats politiques et des campagnes électorales de la présidentielle américaine de 2024. Les deux candidats, bien que différents dans leur approche, partagent certaines similitudes idéologiques sur cette question. Donald Trump a toujours maintenu d'étroites relations avec Israël, en particulier avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Lors de son premier mandat, il mène une politique de soutien inconditionnel à l’État hébreu. Ses actions incluent la suppression du financement de l’UNRWA [13], le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnaissant ainsi la ville comme capitale d’Israël, et la mise en avant du « Deal du siècle » en 2020. Ce plan controversé, qui ignorait les revendications palestiniennes, reconnaît les colonies israéliennes en Cisjordanie et prévoit un échange de territoires.

Par ailleurs, son administration a joué un rôle clé dans les accords d’Abraham, qui ont permis de normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes. Aujourd’hui, Trump continue de promettre un soutien sans faille à Israël tout en critiquant l’approche plus nuancée de Joe Biden sur cette question.

Une partie de la communauté arabo-américaine critique la candidate démocrate, lui reprochant de ne pas s’être démarquée assez de la position de Joe Biden vis-à-vis du conflit. Malgré des différences dans leur discours, Kamala Harris et Donald Trump se mettent d’accord sur le soutien ferme de la Maison Blanche à Israël et sa volonté de résoudre le conflit. Toutefois, des différences subtiles peuvent être observées.

En 2024, D. Trump reste tout autant attaché à la défense d'Israël. Il promet de « soutenir Israël et chercher la paix au Moyen-Orient ». Il s'engage à offrir une aide totale pour accélérer la fin du conflit, tout en menaçant le Hamas de représailles sévères si les otages américains ne sont pas libérés. Le second mandat Trump pourrait signifier un soutien inconditionnel à Israël contre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran. Cette vision risquerait néanmoins d’engendrer l’effacement de la question palestinienne. Un gouvernement républican serait en capacité de renforcer une possible accélération de la colonisation en Cisjordanie, voire des projets d’annexion, et d’appuyer une politique agressive contre Gaza. Benjamin Netanyahou, ravi de la victoire républicaine, pourrait bénéficier d'une plus grande liberté pour mener ses actions.

À l’inverse de Donald Trump, Kamala Harris affirme son soutien à Israël tout en mettant en lumière les conséquences du conflit sur les conditions de vie des populations palestiniennes. Elle propose un plan visant à défendre vigoureusement « le droit d’Israël à se défendre », mais promet de « se battre pour que les Palestiniens puissent concrétiser leur droit à la dignité, à la liberté, à la sécurité et à l’autodétermination ».

Selon Elizabeth Sheppard Sellam [14], le conflit au Proche-Orient ne figure pas parmi les priorités de la majorité des électeurs américains, davantage préoccupés par des enjeux intérieurs tels que l’économie et l’inflation. Toutefois, ce sujet reste déterminant pour certains groupes spécifiques et dans des États clés.
Tout comme D. Trump, K. Harris ajuste son discours pour séduire des électorats stratégiques dans les « swing states », où résident d’importantes communautés arabo-américaines et juives. Par exemple, au Michigan, qui abrite une forte population arabo-américaine, Kamala Harris s’efforce de reconquérir un électorat traditionnellement démocrate mais fait face à des critiques. On lui reproche de continuer à soutenir Israël, comme le fait l'administration de Joe Biden. Lors d’un discours dans le Michigan, plusieurs manifestants pro-palestiniens ont interrompu son intervention. Face à eux, elle a répondu avec fermeté : « En ce qui concerne

Gaza, nous voulons tous que cette guerre se termine le plus tôt possible et que les otages soient libérés. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il en soit ainsi. »
K. Harris a également perdu une partie de l’électorat juif, historiquement aligné sur les

démocrates. Beaucoup dénoncent l'inaction de la Maison Blanche face aux manifestations pro-palestiniennes sur certains campus universitaires, marquées par des débordements jugés antisémites par certains. Cette perte de soutien dans ces États pivots, combinée à un basculement inédit vers les Républicains, a pesé lourdement sur la course présidentielle serrée, où chaque voix comptait.
Néanmoins, même sans tenir compte de la victoire de Donald Trump, le résultat des élections n'aurait pas fondamentalement modifié la position diplomatique des États-Unis, dont le soutien à Israël reste une constante historique invariable, bien que formulée différemment selon les visions démocrates et républicaines.

3. Les relations diplomatiques avec l’Iran

En ce qui concerne l'Iran, les tensions persistent. Toutefois, cela ne signifie pas que les deux bords politiques abordent la même approche.
Trump reste ferme face à l'Iran, qu'il perçoit comme une menace majeure. En 2018, il a décidé de retirer les États-Unis de l'accord nucléaire (JCPOA) et de renforcer les sanctions contre Téhéran, espérant provoquer une révolte populaire contre le régime. De même, un second mandat Trump mettrait l’accent sur la « pression maximale » contre l’Iran avec des sanctions renforcées notamment sur ses exportations de pétrole et des actions ciblées contre les forces iraniennes. Cela en diminuant la présence militaire américaine directe au Moyen-Orient, préférant une approche indirecte. Bien qu'il semble éviter une confrontation militaire directe, Trump pourrait autoriser Israël à frapper des installations nucléaires iraniennes, ce qui augmenterait les risques d'escalade régionale. Les pays du Golfe, notamment les Émirats et l'Arabie saoudite, accueilleraient favorablement cette politique, espérant affaiblir l'influence iranienne, tout en bénéficiant de divers partenariats internationaux, comme l'illustre leur adhésion aux BRICS+.

À contrario, Harris a toujours soutenu l'accord nucléaire avec l'Iran, affirmant qu'il représentait le meilleur moyen d'empêcher Téhéran de développer des armes nucléaires et d'éviter un conflit militaire au Moyen-Orient. Lors du retrait des États-Unis de l'accord par Trump en 2018, elle a dénoncé cette décision comme un risque pour la sécurité nationale qui les éloignait de leurs alliés dans la région. En 2019, elle a exprimé son intention de réintégrer l'accord. Après l'assassinat de Qasem Soleimani en 2020, Harris a co-soutenu le No War Against Iran Act [15] pour condamner l'escalade militaire de Trump contre l'Iran. Néanmoins, elle condamne fermement les violations des droits de l’Homme par le gouvernement iranien.

Conclusion

Enfin, il est évident que plusieurs membres des communautés juive et arabo-américaine ont modifié leurs préférences électorales en faveur des républicains, un phénomène qui a sans doute contribué à la conquête d'États stratégiques et facilité la victoire de Trump. Certains ont même voté pour Jill Stein, candidate du Parti vert, qui a attiré les électeurs musulmans et arabo-américains en menant une campagne axée sur la question de Gaza. Dans un contexte où les institutions internationales peinent à gérer les crises mondiales, le retour de Donald Trump, dont la politique unilatérale et nationaliste est bien connue, risquerait d'aggraver l'instabilité au Moyen-Orient et d'accroître les incertitudes quant à l’avenir de la région.

Notes :

[1] Les « Sept Sœurs »(« The Seven Sisters ») désignent un cartel influent qui a largement dominé le secteur pétrolier au cours de la première moitié du XXe siècle. Ce surnom, apparu au début des années 1950, désigne un groupe constitué principalement des principales filiales américaines de la Standard Oil, fondée par John Rockefeller.

[2] L'Anglo-Persian Oil Company (APOC), fondée en 1909 après la découverte de pétrole en Iran, fut la première à exploiter les ressources pétrolières du Moyen-Orient. Renommée Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) en 1935, elle devient la British Petroleum Company (BP) en 1954, à la suite de la nationalisation du pétrole en Iran et d'un nouvel accord avec un consortium.

[3] D’après les analyses du professeur Jean Pierre Filiu, dans son cours « Introduction à la Question Palestinienne » à Sciences Po Paris, Campus de Menton

[4] Les accords d'Alger, signés le 6 mars 1975, sont un traité conclu entre l'Irak et l'Iran pour résoudre leur conflit concernant la délimitation de la rivière frontalière de Chatt-el-Arab.

[5] C’est le terme utilisé par l’administration du président George W. Bush pour désigner les campagnes militaires menées en réponse aux attentats du 11 septembre 2001. Ce concept a été abandonné par l’administration américaine à partir de l’arrivée de Barack Obama au pouvoir en 2009.

[6] Il est le chef du groupe terroriste Al-Qaïda et est responsable des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis.

[7] Dans son ouvrage Orientalisme (1978), Edward Saïd critique la manière dont l'Occident a construit une vision biaisée et stéréotypée de l'Orient, le représentant souvent comme un « autre » exotique, « inférieur » ou « décivilisé ».

[8] Amriche, Fares. Le « nation-building » : fondements conceptuels, manifestations opératives et enjeux stratégiques. 2020. Université Paris Cité, phdthesis.

[9] Les accords d'Abraham sont des traités de paix entre Israël et les Émirats arabes unis, ainsi qu'Israël et Bahreïn. Ces accords ont ensuite été étendus au Soudan et au Maroc.

[10] Nardon, Laurence. « Les États-Unis vers l’indépendance énergétique ? » Politique étrangère, no 2, juin 2013, p. 27‐39.

[11] Jamal Khashoggi est un journaliste saoudien connu pour ses critiques du régime et en particulier vis-à-vis du prince héritier, Mohammed ben Salmane, et du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud. Il a été assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul par un groupe d’agents liés au gouvernement, provoquant des accusations de complicité envers le prince héritier.

[12] Arnaud Peyronnet: Quelle politique américaine pour le Moyen-Orient en 2025 ? - Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques.

[13] « L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), de loin la plus grande opération des Nations Unies au Moyen-Orient, fournit des services d'éducation, de santé, de secours et sociaux à plus de 5 millions de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en République arabe syrienne, à Gaza et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. », United Nations: L'ONU sur le terrain

[14] Elizabeth Sheppard Sellam est professeure responsable du module de Politiques et Relations Internationales au sein du Département Droit et Langues à l’université de Tours. Ses recherches portent sur le terrorisme, la politique américaine et israélienne, ainsi que sur les politiques de défense et de sécurité.

[15] Le No War Against Iran Act est une législation américaine visant à limiter la capacité du président des États-Unis à engager des actions militaires contre l'Iran sans l'approbation du Congrès.

Bibliographie :

Kellner, Thierry, et Mohammad-Reza Djalili. « Au centre pétrolier du monde : le golfe Persique ». Outre-Terre, vol. 14, no 1, mai 2006, p. 341‐75

14 février 1945 - Le « pacte du Quincy », une alliance contre nature - Herodote.net.

Les Etats-Unis au Moyen-Orient (1) : enjeux et présence américaine pendant la guerre froide (1945-1990)

Le Proche et le Moyen-Orient dans la guerre froide.

Renversement du gouvernement de Mohammed Mossadegh en Iran | Événements | Perspective Monde.

 Pacte de Bagdad, les clés du Moyen Orient

Rédaction, La. « Que s’est-il passé durant la guerre des Six Jours ? » Geo.fr, 10 décembre 2023

Les États-Unis et Israël : un soutien indéfectible ?, lumni.fr

Cours de Jean Pierre Filiu, « Introduction à la Question Palestinienne »

Occupation de l’ambassade des États-Unis à Téhéran | Événements | Perspective Monde

Le double jeu américain dans la guerre Iran – Irak (1980-1988), Margot de Kerpoisson, Anne-Laure Michaux, Benoit Sentis, Sorelle Dissounga Mbussi, Nicolas Musnier.

Droz-Vincent, Philippe. « 5. La reconstruction de l’Irak ou le « nation-building » américain ». TAP / Relations internationales, 2007, p. 183‐230.

Amriche, Fares. Le « nation-building » : fondements conceptuels, manifestations opératives et enjeux stratégiques. 2020. Université Paris Cité, phdthesis.

L'évolution et l'originalité de la communauté arabe-américaine, Takia M'Hamsadji

« America First le retour: quelles seront les stratégies économiques de Trump? » Ici Beyrouth

« Moyen-Orient : quelle politique mènera Donald Trump ? » Franceinfo, 10 novembre 2024

« Présidentielle américaine : comment le conflit au Moyen-Orient peut influencer l’issue de l’élection ? » TF1 INFO, 22 octobre 2024

Cammi, Sara. Quelle politique américaine pour le Moyen-Orient en 2025 ? - Fondation Méditerranéenne d’Études Stratégiques. 30 septembre 2024

« [Trump II] - Quelles conséquences pour le Moyen-Orient ? » Institut Montaigne

« L’élection de Donald Trump et ses conséquences au Moyen-Orient ». IRIS

« Political Positions of Kamala Harris ». Wikipedia, 30 décembre 2024. Wikipedia

Nardon, Laurence. « Les États-Unis vers l’indépendance énergétique ? » Politique étrangère, no 2, juin 2013, p. 27‐39.

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