Crise économique dans la Tunisie post-révolutionnaire.

Article de Mohammed Yacine Ghedas. Ecrit en décembre 2022.

Mots-clés : Tunisie / Ben Ali / Printemps arabe / Economie 

Introduction 

« Le changement de régime ne va pas altérer la structure économique du pays et résoudre par  miracle tous ses problèmes », avertit El Mouhoub Mouhoud. Le 17 décembre 2010,  l’immolation du jeune Mohamed Bouaziz à Sidi Bouzid provoque des manifestations de  colères des nombreux déshérités, sans travail et sens espoir, dans le Centre de la Tunisie.  Cette contestation se répand dans tout le pays et porte non seulement des revendications  socio-économiques mais aussi politique avec l’exigence du départ de Ben Ali. Le 14 janvier,  ce mouvement qui prendra le nom de printemps arabe amènera à la chute de la dictature  tunisienne et à la mise en place d’un processus de transition démocratique. Cette révolution  met fin à la prétendue exception arabe et fait naître une grande espérance chez le peuple  tunisien. Mais la Tunisie est confrontée aux défis de la transition et de la construction d’un  nouveau régime démocratique et notamment au défi d’ordre économique. En effet, alors  qu’habitué jusque-là à des taux de croissance moyens d’environ 5%, le PIB tunisien a chuté de  1.8% en 2011. Tous les indicateurs économiques sont au rouge ; le chômage atteint un taux de  18% en 2011 contre 14% en 2010 et la pauvreté atteint un niveau de 18% contre 15% l’année  d’avant. Déjà la Tunisie hérite des difficultés économiques du régime de Ben Ali occulté par  le mythe du « bon élève » loué par les institutions financières internationales comme la  Banque mondiale et le FMI. Mais en réalité, l’Etat trafiquait les chiffres notamment en  intégrant les transferts monétaires de la diaspora dans les recettes de tourisme et s’approprier  les acquis des citoyens en considérant comme un logement construit par un citoyen comme un  logement fourni par l’Etat. De plus, la Tunisie doit faire face à une crise économique qui  accompagne toute transition démocratique.  

On se demandera alors :  Comment expliquer les difficultés économiques de la Tunisie post-Ben Ali ? 

Dans un premier temps, nous analyserons la crise politique à laquelle était confrontée la  Tunisie de l’après-révolution (I). Dans un second temps, nous étudierons le renforcement des  difficultés économiques du régime de Ben Ali (II).

I- L’économie tunisienne face à une perspective politique incertaine 

Toute révolution entraîne un moment de flottement à l’origine d’une incertitude quant à  l’avenir du pays. La Tunisie a fait les frais de cette incertitude et notamment de l’instabilité et  de l’insécurité qui ont marqué les années post-révolutionnaire.  

A- Une instabilité politique chronique  

Tout d’abord, la stabilité d’un pays est nécessaire pour maintenir la croissance. Or la  révolution tunisienne de 2011 a remis en cause l’ordre politique établie entraînant un  bouleversement dans la vie économique au quotidien et altérant la confiance des investisseurs  et des partenaires nationaux surtout dans le cadre d’une économie de plus en plus mondialisée.  Tout d’abord, juste pour l’année 2011, la Tunisie a vu se former quatre gouvernements  différents. Certes le dictateur a quitté le pays mais la transition démocratique n’est pas acquise  et les acteurs politiques qui ne s’attendaient pas à une telle issue des manifestations se sont  retrouvés obligés de trouver une réponse rapide qui ne correspondait pas toujours aux attentes  de la population. En effet, dans l’immédiat post-révolution, la chute de Ben Ali a entraîné une  vacance de pouvoir. Le président de l’assemblée est nommé président conformément à la  constitution et le premier ministre Ghannouchi est reconduit dans ses fonctions. Ils forment un  gouvernement composé notamment d’anciens ministres de Ben Ali comme Ridha Grira au  ministère de la défense. Mais les forces politiques contestent et des manifestations sont  organisées. Plusieurs ministres notamment les représentants de l’UGTT démissionnent et le  premier ministre effectue un remaniement en excluant les anciens membres du RCD. Malgré  plusieurs réformes dont la dissolution du RCD, la contestation ne se calma pas et le premier  ministre démissionne. Beji Caied Essebsi est nommé premier ministre et il met en place les  élections de l’assemblée constituante prévu pour octobre 2011. En 2014, l’assemblée  constituante promulgue la nouvelle constitution mais cette nouvelle classe politique a voulu  empêcher la formation d’un pouvoir personnel dans le pays. La Constitution de 2014 semble  donner un rôle important au Parlement en privilégiant un mode de scrutin proportionnel. Les  auteurs de la Constitution ont voulu que le pouvoir soit dispersé et non pas concentré dans les  mains d'un seul homme ou d'un seul parti. Cette philosophie de fait ne permet pas de dégager  des majorités politiques claires qui puissent assurer une forme de stabilité. Tout cela rend le  jeu politique dépendant de la formation de coalitions, de négociations, de pactes de partage du  pouvoir, ce que l’on appelle la recherche du consensus. Lorsqu’un parti s’affaiblit ou quand  les rapports se tendent entre le chef du gouvernement, le Parlement ou le président, tout cela  débouche sur un remaniement ou un changement de gouvernement. C’est un régime qui peut 

rappeler l’instabilité gouvernementale que la France a connue sous la IVème République  (1946-1958). Ainsi, depuis 2011, dix chefs de gouvernements se sont succédé empêchant la  mise en place de politiques sur le long terme pour répondre aux enjeux politiques et socio-économiques auxquels doit faire face la Tunisie. Sans parler bien sûr du fait que la montée  de l’islamisme ne permet pas de redorer l’image de la Tunisie à l’échelle de la Tunisie. 

B- Une insécurité croissante  

Puis, la révolution a été marquée par la montée de la violence et de l’insécurité face à la  fragilisation de l’Etat central notamment lors du départ de Ben Ali et à l’instabilité politique  évoquée plus haut. En février 2011, le ministère de l’Intérieur Ahmed Friaa, membre du  premier gouvernement post révolutionnaire, a estimé que les violences durant la révolution ont  coûté au pays 1,6 milliard d’euros de pertes (environ 4 % du PIB). De plus, près de 43  agences bancaires ont été détruites, 66 espaces commerciaux saccagés et 11 établissements  industriels rasés. Cette violence touche également le champ politique et notamment l’année  2013 marqué par l’assassinat de Chokri Belaïd, l’un des leaders emblématiques de l’extrême  gauche tunisienne et de Mohamed Brahmi juillet, député nationaliste arabe de la Constituante.  Cette situation a provoqué une grave crise de légitimité des institutions politiques confronté à  l’opposition entre l’opposition et la société civile sécularisé et la position hégémonique du  parti islamiste Ennahdha accusé de s’approprier les leviers de l’appareil d’État pour  pérenniser son pouvoir dans la perspective des prochaines échéances électorales. 

Ensuite, le pays a été frappé par plusieurs attentats terroristes meurtriers ciblant notamment  des sites touristiques et les forces de sécurités tunisiennes. L’année 2015 a été  particulièrement meurtrière avec l’attentat du musée du Bardo, principal musée du pays, qui  a coûté la vie à 24 personnes de onze nationalités différentes et l’attentat de l’hôtel Impérial à  Sousse, qui a coûté la vie à 40 personnes de huit nationalités différentes. Les forces de sécurité  tunisiennes sont ainsi pleinement mobilisés pour faire face à cette menace et notamment dans  les massifs montagneux du centre-ouest du pays qui abritent différentes activités terroristes.  En avril 2021, une opération conjointe menée par les forces de sécurité intérieure et les forces  armées tunisiennes a conduit à la neutralisation de deux terroristes recherchés dans cette  région. 

A cela s’ajoute l’explosion des mouvements sociaux dans un grand nombre d’entreprises, qui  a paralysé les activités économiques durant plusieurs semaines. Les revendications portent  notamment sur les augmentations salariales et la régularisation des travailleurs saisonniers ou

contractuels, et se sont centrées, sur le plan politique, sur le changement de direction et de  leadership qui était fortement lié à l’ancien parti au pouvoir et aux familles proches de  l’ancien président. 

II- Un renforcement des difficultés économiques du régime de Ben Ali  

Cette instabilité politique et insécurité a accentué les difficultés structurelles auxquelles  était confronté la Tunisie dans la période Ben Ali. La révolution a fait fuir les investisseurs  et les touristes et la tâche pour restaurer l’image du pays vis-à-vis de l'extérieur semble  compliquée.  

A- Une économie peu diversifiée et dépendante de l’extérieur  

Tout d’abord, Ben Ali a accéléré la libéralisation de l’économie entamé par Habib Bourguiba.  La Tunisie s’est ouverte de plus en plus à la mondialisation. La Tunisie a ainsi ratifié le  GATT (accord sur les tarifs douaniers) en 1990 et a adhéré à l’OMC en 1995. Elle signe  également plusieurs accords de libre-échange avec la Turquie et l’UE qui lui permettent  d’accéder plus facilement aux marchés internationaux. Ce qui permet dans un premier temps  une croissance importante du PIB. Plusieurs acteurs étrangers sont entrés dans le marché  tunisien et ont permis de développer plusieurs secteurs dont le textile près de 50 % des  exportations nationales en 2004. Mais en même temps les entreprises tunisiennes n’ont pas  pour autant gagné en compétitivité et ont subi de plein fouet le choc de l’ouverture démesurée  du marché, se trouvant confrontées à une concurrence insoutenable. Plusieurs ont donc dû  cesser toute activité et licencier à tour de bras. La Tunisie était donc devenue dépendante des  investissements étrangers destinées à l’exportation pour développer son économie et surtout  vis-à-vis de l’UE qui absorbait plus de 75% des exportations tunisiennes. La Tunisie avec ses  11 millions d’habitants "représente à elle seule un trop petit marché pour intéresser les  investisseurs étrangers à la recherche de marchés" comme le décrit l’économiste El Mouhoub  Mouhoud. Mais comme le précise Gilles Senguès, « C’est le propre de toutes les révolutions  de faire fuir les investisseurs internationaux ». Selon l’Agence de Promotion de  l’Investissement Extérieur (FIPA), les investissements directs étrangers (IDE) de l’année  2011 ont enregistré un recul de 25.7% par rapport à l’année 2010. Plusieurs entreprises ont été  délocalisées, notamment au Maroc où la situation politique est plus stable. Par exemple, les  investissements français en Tunisie employaient 110 000 personnes et une grande partie de  ces employés se sont retrouvés au chômage après la révolution. Le secteur industriel (textile,  agroalimentaire, mécanique etc…) a connu une baisse de 7% de sa production entre l’année 

2010 et 2011 puisque les investissements étrangers vers ce secteur ont diminué de plus 42%  dans la même période. Mais il ne s’agit pas du seul secteur touché. Ainsi, en 2012, faute d’un  manque de clarté dans les données », la Tunisie était absente du classement de l’indice  mondial de la compétitivité établi par le forum de Davos. En 2011, elle était déjà descendue  de huit rangs passant de la 32ème place en 2010 à la 40ème l’année suivante.  

Ensuite, comme l’explique Hakim Ben Hammouda, les économies arabes n’ont pas réussi  « de la trappe de diversification économique et sont restées empêtrées dans une insertion  rentière ou un modèle intensif en travail ». La Tunisie ne déroge pas à cette règle puisque son  économie reste très dépendante du tourisme low-cost et de la manufacture légère surtout dans  le domaine du textile. Le tourisme représente ainsi plus de 7% du PIB du pays et 350 000  emplois en 2010. Mais le tourisme bas de gamme principalement développé en Tunisie avec  notamment la formule All Inclusive est très volatil et dépend du contexte national et  international. Ainsi, avec l’instabilité et l’insécurité, le secteur touristique a vu ses revenus  diminuer de près de 40% et les nuitées de près de 60% durant les premiers mois de l’année  2011. 

B- Une mauvaise gouvernance à l’origine du déficit public 

Ensuite, la détérioration de la situation économique va se traduire par un creusement du  déficit budgétaire. La Tunisie connaît une baisse des recettes fiscales, en partie due à la baisse  des investissements étrangers et privés et une augmentation des dépenses due en grande partie  à l’augmentation de la masse salariale du secteur public et du système de subvention. Ainsi, la  masse salariale du secteur public qui serait « l’une des plus élevées au monde rapporté au  PIB » consommerait près de 16% du PIB en 2021 alors que chiffre ne dépassait pas 10% en  2010. Plus de la moitié des ressources de l’Etat sont consacrées au paiement des salaires des  fonctionnaires. En même temps, les dépenses sociales et les mesures prises en faveur des  familles les plus pauvres ont augmenté de 141% entre 2010 et 2017. L’Etat cherche avant tout  à faire face au chômage grandissant à travers des recrutements massifs et à garantir la paix  sociale.  

Il est également important de noter le gain de popularité recherché par les partis au pouvoir  surtout entre 2011 et 2013 et à leur tête Ennahdha dans la perspective des élections  législatives et présidentielles de 2014. Hassine Dimassi, ministre des Finances entre 2011 et  2012 avant de démissionner, témoigne « Alors que j’étais attaché pleinement à la stabilité des  finances publiques, la plupart des membres du gouvernement ont poussé dans le sens d’une 

orientation politique électoraliste qui a généré un grave et brusque accroissement des  dépenses de l’Etat en comparaison avec ses ressources ». Toute cette mauvaise gouvernance  de la part des autorités postrévolutionnaire a entraîné une augmentation de la dette de la  Tunisie qui représentait en 2010 près de 45% du PIB avant d’atteindre le chiffre de 83% du PIB  en 2021. 

Enfin, la corruption érigée en système sous l’époque de Ben Ali est un facteur aggravant de la  crise économique en Tunisie. En effet, les réformes de libéralisation économique entamé par  le régime de Ben Ali conformément au consensus de Washington et sous la houlette des  institutions financières internationales, fortement influencées par les économistes américains  néo-libéraux a entraîné une explosion de la corruption et du népotisme qui ont fortement nui  aux dynamiques de développement économique. En effet, les privatisations qui ont rapporté  près de 6.5 milliards de dinars à l’Etat ont profité surtout aux milieux proches de l’ancien  président notamment sa belle famille les Trabelsi. Un capitalisme de copinage se met alors en  place où le succès en affaires dépend de relations étroites avec les représentants du  gouvernement. Une étude de la Banque mondiale estimait qu’à la fin de 2010, plus de 21%  des bénéfices réalisées par le secteur privé dans le pays revenaient aux milieux proches du  pouvoir. Les Tunisiens n’osaient pas investir à cause de la mauvaise qualité du climat des  affaires et par peur que les groupes proches de Ben Ali ne mettent la main sur leurs parts.  Selon la Banque mondiale, sans cette emprise familiale, le taux de croissance de la Tunisie,  aujourd'hui de 4% par an, pourrait même atteindre 6 à 7%, autant que l'Inde. La législation a  souvent servi à promouvoir les intérêts de ce cercle de privilégiés puisque près de 25 décrets  promulgués au cours de la période Ben Ali ont introduit de nouvelles exigences d’autorisation  préalable dans 45 secteurs différents et de nouvelles restrictions en matière d’investissements  directs étrangers (IDE) dans 28 secteurs. Ainsi, le secteur privé, marqué par l’incertitude et les  inquiétudes croissantes liées aux pratiques de la corruption et au manque de transparence, a  réduit ses investissements et ses prises de risques sur l’avenir. Surtout que cette concentration  des richesses demeure encore après la révolution puisque l’Etat a dû mal à s’attaquer à ces  grandes fortunes comme la première fortune tunisienne Hamdi Meddeb ancien associé à El  Materi gendre du président Ben Ali et qui contrôle aujourd’hui près de 60% du secteur du lait  et de ses dérivés. Aujourd’hui, une enquête de l’OCDE parue en 2017 démontre que la  corruption est perçue comme le 3ème problème le plus important du pays après le chômage et  la gestion de l’économie 

III- Une situation sociale marqué par le chômage et les inégalités régionales 

Ces difficultés économiques accentuent également le chômage et principalement le chômage  des jeunes diplômés et contribuent au creusement des inégalités entre les différentes régions,  deux facteurs à l’origine des soulèvements de décembre 2010.  

A- Un taux de chômage galopant  

Tout d’abord, le régime de Ben Ali a chuté sur le problème du chômage des jeunes diplômés.  En, l’observatoire national de la jeunesse estime que le taux de chômage des diplômés en 2009  atteint 40%. En effet, certes avait misé sur l’enseignement sauf que l’économie est restée  dominée par des secteurs qui emploient de la main-d’œuvre peu qualifiée. A l’époque de  Bourguiba, cette situation était compensée par la perspective de travail dans l’administration  mais avec les réformes d’ajustement structurel menés par Ben Ali, ces jeunes se sont  retrouvés dans un marché de travail qui ne leur offre que des emplois dans les calls centers,  les hôtels et les usines textiles. Comme le résume Karim Bitar, économiste à l’IRIS, "Plus on  est diplômé, moins on a de chance de trouver du travail". Les difficultés de gouvernance de la  Tunisie post-Ben Ali n’a pu résoudre la problématique du chômage. En effet, comme le  précise l’économiste Radhi Meddeb, « l’emploi ne se décrète pas, il résulte de  l'investissement, qui nécessite un climat de confiance, aussi bien au niveau national  qu'international ». Or la Tunisie d’après 2011 n’a pas pu mettre en place ce climat de  confiance et peine à attirer de nouveaux les investisseurs préférant d’autres pays plus stable  comme le Maroc de Mohammed VI ou encore l’Epte de Sissi. Selon l’Institut national de la  statistique, le chômage, qui a connu un taux incroyable de 18% en 2011, tournait en 2020  autour de 15% alors qu’il dépassait à peine les 14% en 2010. Les multiples délocalisations et  la baisse de l’activité touristique ont eu un impact désastreux sur l'emploi en Tunisie et le  gouvernement arrive difficilement à y remédier. Sans parler, bien sûr, de la situation en Libye  qui a pesé lourdement sur l’économie tunisienne. En effet, les exportations vers ce pays ont  baissé mais pas seulement puisque le retour massif de la main-d’œuvre tunisienne installée en  Libye, venue renforcer le rang des chômeurs. On estimait leur nombre à près de 500 000 en  2011. 

B- Des inégalités régionales accentués  

Ensuite, le pays est fortement inégalitaire selon les régions. "Les zones rurales ont été  négligées à la faveur des zones touristiques côtières. C'est pourquoi l'aménagement du  territoire devra être un des grands chantiers du gouvernement", selon le professeur Karim  Bitar, qui rappelle que les émeutes sont parties de Sidi Bouzid, une ville du centre-ouest du 

pays. Plusieurs indicateurs permettent de refléter ces inégalités surtout entre les zones  littorales qui s’inscrivent pleinement dans la mondialisation et dans la littoralisation de  l’économie et les zones de l’intérieur du pays. Ainsi les taux de chômage les plus élevés sont  enregistrés dans les régions de l’Ouest et du Sud tunisiens longtemps marginalisés : Nord 

ouest (33,0%), Sud-ouest (26,3%), Centre-ouest (23,0%) et Sud-est (22,5%). Alors que le taux  national était de 18% la même année à savoir 2011. Il est également pertinent de traiter la  répartition du tissu entrepreneurial entre les régions qui reflètent les inégalités à l’accès au  travail. En 2011, alors que l’on constate l’existence d’une entreprise pour 20 actifs dans l’Est  du pays, ce rapport n’est que d’une entreprise pour 170 actifs à l’Ouest. Plus généralement, même les IDE sont destinés principalement aux régions côtières notamment pour le tourisme  et l’industrie du textile. Ces régions connaissent aussi un inégal accès aux services publics.  Elles sont qualifiées de « zones d’ombres » où l’Etat peinent à installer ses services alors que  paradoxalement ce sont surtout ces régions de l’intérieur du pays qui nécessitent le plus  d’engagement de la part de l’Etat face à la détérioration de leurs conditions de vie. 

Conclusion  

En conclusion, la Tunisie postrévolutionnaire a non seulement hérité des difficultés  économiques du régime de Ben Ali qui étaient caché par cette réputation de « Bon élève »  mais a dû aussi faire face à une crise économique compte tenu de l’insécurité et l’instabilité  qui règne dans le pays. Mais onze ans après, le peuple tunisien qui a tant sacrifié pour cette  transition démocratique n’arrive plus à s’assurer les moyens de sa subsistance. Cette situation  est à l’origine du coup d’éclat de Kais Saied soutenu dans ces débuts par la colère populaire.  Mais alors que les constats de saied sont les bons (corruption, mauvaise gouvernance…), les  solutions qu’ils apportent remettent en doute le chemin parcouru par la Tunisie depuis 2011 et  la transition démocratique qui a constitué un exemple pour tous les peuples désireux de  goûter à la démocratie. Mais aujourd’hui encore les défis à moyen et long terme de la Tunisie  sont importants. Elle doit faire face à deux enjeux majeurs. Le premier est lié aux réformes  politiques et à l’instauration d’un nouveau régime démocratique. Le second est d’ordre  économique et concerne la définition d’un nouveau modèle de développement. Rien n’est  écrit à l’avance et le peuple tunisien peut encore changer la donne car comme l’a si bien dit  Abou Kacem Chebbi « Lorsqu'un jour, le peuple aspire à vivre, Le destin se doit de répondre !  Les ténèbres se dissipent ! Et les chaînes se briseront ! » 

Bibliographie 

BEN HAMMOUDA, Hakim. « Les années révolution » Tunisie. Louvain-la-Neuve. De Boeck  Supérieur. 2012, vol.1re éd., p. 143-168. (Le point sur... Politique). En ligne :  https://www.cairn.info/tunisie-economie-politique-d-une-revolution--9782804166335-p 143.htm 

GHERIB, Baccar. « Économie politique de la révolution tunisienne. Les groupes sociaux face  au capitalisme de copinage », Revue Tiers Monde. 2012, vol.212 no 4. p. 19-36. 

SENGES, Gilles. « Économie : l’automne arabe », Les Cahiers de l’Orient. 2012, vol.108 no 4. p. 133-143. 

Crise institutionnelle en Tunisie : « Les Tunisiens sont fatigués des jeux politiques stériles ».  2020. En ligne : https://information.tv5monde.com/afrique/crise-institutionnelle-en-tunisie les-tunisiens-sont-fatigues-des-jeux-politiques-steriles 

Les défis économiques de l’après Ben Ali. 2011. En ligne :  

https://www.lexpress.fr/economie/tunisie-les-defis-economiques-de-l-apres-ben ali_1338043.html 

La révolution déstabilise l’économie tunisienne – Jeune Afrique. En ligne :  https://www.jeuneafrique.com/182793/economie/la-r-volution-d-stabilise-l-conomie tunisienne/ 

Tunisie : Les principaux indicateurs révélateurs de la crise économique. En ligne :  https://www.ilboursa.com/analyses/chronique 

tunisie_les_principaux_indicateurs_revelateurs_de_la_crise_economique-71 

Tunisie : une étude de la Banque mondiale dévoile la manipulation de la réglementation par  les anciens responsables du régime. En ligne :  

https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2014/03/27/world-bank-manipulation former-tunisian-officials

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