Le conflit israélo-palestinien : contextualisation historique et actuelle.
Auteur : Anis Nassour.
Considéré comme l'une des oppositions les plus anciennes dans la région, le conflit israélo-palestinien n'en finit pas d'attiser les passions sentimentales et les ressentisements guerriers d'un côté comme de l'autre. Alors que certains doutaient que cette opposition perdait sa dimension structurante, les récents affrontements en Israël et dans les territoires palestiniens l’ont replacé au centre de l’actualité régionale.
Approche historique
Un des plus grands mythes du conflit israélo-palestinien est qu’il dure depuis des siècles et se cristallise autour de clivages religieux. En réalité, l’enjeu principal de ce conflit est une opposition qui a débuté depuis un siècle autour d’un territoire revendiqué par deux peuples. Avant cela, la région sur le littoral Est de la Méditerranée qu’on appelle aujourd’hui “Israël Palestine” a toujours été un espace caractérisé par une mosaïque religieuse où les différentes communautés confessionnelles, notamment chrétiennes, musulmanes et juives, vivaient en paix. Mais, vers la fin du 19ème siècle, deux identités commençaient à se former : d’une part, une identité arabe voirE palestinienne sous l’empire ottoman ; d’autre part, une identité juive autour du mouvement Sioniste fondé par Theodor Herzl après la publication de son livre “l’État des Juifs” en 1896, qui considère que le judaïsme n’est pas qu’une religion, mais une nationalité ; et que les juifs avaient droit à un État pour se protéger face aux persécutions antisémites en Europe. Ce mouvement considérait la Palestine comme l’emplacement idéal pour mettre en place cet État vu qu'il existait une certaine mystique religieuse autour du fameux retour à la terre promise. Cette dernière est refusée par les ultra-orthodoxes qui jugent que ce retour devait se faire par le biais d’une intervention divine. Ainsi, des milliers de juifs européens se sont déplacés vers cette région vers le début du 20ème siècle. Après la 1ère guerre mondiale, l’empire ottoman s’est effondré et les empires européens (surtout britannique et français) se sont approprié les territoires de l’ex empire ottoman : ce partage des territoires s’organisait bien avant l’effondrement de la Sublime Porte, dans le cadre de la Question d’Orient et des accords de Sykes-Picot de 1916 entre la France et la Grande-Bretagne. Dans ce contexte, la Palestine fut placée sous mandat britannique officiellement dès 1920 avec la conférence de San Remo et l’immigration juive était autorisée par les Anglais qui avaient promis lors de la déclaration Balfour de 1917 d’attribuer aux juifs un foyer national en Palestine ; c’est avec l’arrivée des juifs européens sur le territoire que vont naître des tensions entre paysans juifs et arabes qui se traduiront par des violences. Ainsi, pour se protéger, les juifs se rassemblèrent autour de milices pour faire face aux arabes et résister contre le mandat britannique. D’ailleurs, même les Palestiniens vont se révolter contre la présence britannique notamment lors de la grande révolte arabe de 1936 dirigée par le mufti de Jérusalem Amin Al Husseini revendiquant la création d’un État arabe indépendant et la fin de l’immigration juive sioniste. Après l’holocauste, un grand nombre de juifs européens ont pris refuge dans cette région du Proche-Orient, aggravant la situation et les violences.
Pour la suite des explications, je vous conseille de consulter une carte de cette région. En 1947, les Nations Unies approuvent une résolution pour diviser la Palestine britannique en trois zones distinctes : un État juif comprenant la plaine côtière; un État arabe incluant le reste de la Galilée, la Cisjordanie, la bande de Gaza et une partie du Néguev; et une zone internationale englobant les lieux saints et s’étendant sur Jérusalem et Bethlehem. Toutes les nations arabes s’y opposent, soit par principe, soit parce qu’il attribue aux juifs plus de la moitié du territoire en question et les meilleures terres. Mais, le plan est soutenu par les superpuissances mondiales tel les Etats-Unis, l’Union Soviétique, la France et la Grande-Bretagne. Ainsi, l’indépendance de l’État d'Israël est proclamée le 14 mai 1948 par David Ben Gourion, et la ligue arabe rassemblant les États arabes qui ont récemment proclamé leurs indépendances, décide d’intervenir directement dans le conflit en envahissant la Palestine : c’est la première guerre israélo-arabe. Malgré un avantage écrasant pour les arabes, ces derniers vont perdre cette guerre à cause de querelles et méfiances internes. Plus de 700,000 Palestiniens prirent la route de l’exode : c’est la Nakba, signifiant la catastrophe en arabe, et ils deviendront des réfugiés dans les pays arabes voisins. Le très récent film Farha est sur ce plan à visionner pour mieux comprendre la réalité et la cruauté de la Nakba. Après cette guerre, Israël contrôle l’ensemble du territoire hormis la bande de Gaza gouvernée par l’Égypte, et la Cisjordanie contrôlée par la Jordanie.
Bien que cette guerre ne fasse pas partie du conflit israélo-palestinien mais s’inscrit plutôt dans le conflit israélo-arabe, c’est un évènement majeur pour la région. En 1956, la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte de Gamal Abdul Nasser va provoquer une guerre autour de ce canal clé pour le commerce maritime. Les Égyptiens vont faire face à une alliance entre la France, le Royaume-Uni et Israël : les premiers vont perdre face à cette alliance sur le front militaire, mais les ruptures diplomatiques avec la France et le Royaume-Uni ainsi que l’intervention des Etats-Unis et de l’URSS pour mettre fin à ce conflit, montrent que c’est une victoire politique pour Nasser qui va gagner en popularité. L’historien Ibrahim Tabet a écrit dans son livre La poudrière du Proche-Orient que “la crise du canal de Suez symbolise la perte d’influence et surtout, une véritable passation de pouvoir des puissances coloniales traditionnelles de la région (France et GB) aux nouvelles puissances mondiales (EU et URSS)”.
Le troisième conflit israélo-arabe est la Naksa de 1967, aussi appelée la guerre de Six Jours qui a permis à Israël d’occuper l’ensemble de la Palestine en s’emparant de la Cisjordanie, de Gaza et de la partie arabe de Jérusalem, provoquant une nouvelle vague de d’immigration arabe. Jusqu’à aujourd’hui, Israël refuse d’appliquer la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l’ONU réclamant “le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit”. Se sentant menacée par l’Égypte de Gamal Abdul Nasser qui a bloqué le golfe d’Aqaba aux navires se rendant en Israël et par la nouvelle Organisation de libération de la Palestine (OLP) créée en 1964 par Ahmed Choukeiry et dirigée par Yasser Arafat, Israël lance une attaque préventive et annexe l’ensemble de la Palestine, les hauteurs du Golan de la Syrie et le Sinaï de l’Égypte. En 1978, l’Égypte récupère le Sinaï après les accords de Camp David. Ces derniers vont être signés le 17 septembre 1978 par le président égyptien Anwar Al Sadate qui sera d’ailleurs assassiné sous prétexte de collaboration avec l’entité sioniste, et le Premier ministre israélien Menahem Begin grâce à la médiation des Etats-Unis représentés par leur président Jimmy Carter : c’est le premier traité de paix signé entre Israël et un pays arabe.
Quelques années après la Naksa de 1967, la quatrième et dernière guerre israélo-arabe est déclenchée, c’est la guerre du Kippour ou guerre du Ramadan de 1973. Après la guerre de 6 jours, les pays arabes sont humiliés et ont perdu de nombreux territoires qu’ils souhaitent récupérer. Pour faire cela, les forces arabes dirigées par l’Égypte de Nasser et la Syrie de Hafez Al Assad vont attaquer par surprise les deux régions du Sinaï et du Golan mais la supériorité militaire d’Israël va inverser le cours de la guerre en leur faveur.
Après ces 4 guerres, et surtout après les accords de Camp David de 1978, les États arabes vont en quelque sorte oublier la cause palestinienne. C’est à ce moment que le conflit va se transformer d’un conflit israélo-arabe, à un conflit israélo-palestinien avec la première Intifada de 1987 parfois désignée comme la “la guerre des pierres” ; et la seconde Intifada de 2000 caractérisée par plus de violences et surtout des actes de terrorisme. Deux acteurs principaux de la résistance palestinienne sont l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et le Hamas, qui ont entre eux une véritable rivalité.
Rivalité entre Fatah et Hamas.
La première a été fondée en 1964 en regroupant tous les mouvements de résistance palestiniens et elle est divisée en deux volets : un politique et le second militaire. Initialement, l’OLP avait des bureaux dans différents pays arabes qui se sont trouvés déstabilisés en partie à cause de la présence des résistants palestiniens. Ces derniers vont être contraints à se déplacer à plusieurs occasions. En effet, le 15 septembre 1970, l’armée jordanienne dirigée par le roi Hussein chasse les Palestiniens de leurs camps en Jordanie : c’est la fameux septembre Noir. Ils vont être obligés de fuir vers le Liban d’où ils seront contraints de fuir pour la Tunisie après l’invasion israélienne du Sud Liban lors de l’opération Paix en Galilée de 1982. Aujourd’hui, c’est l’OLP qui contrôle la Cisjordanie.
Le deuxième acteur principal est le Hamas, mouvement de résistance palestinien lié aux Frères Musulmans dès sa fondation en 1987. Les Frères musulmans est une confrérie musulmane qui initialement avait deux objectifs : s’opposer à la présence britannique en Égypte et en Palestine ; et (2) réislamiser la société du Moyen-Orient en mettant en place la Charia, la loi islamique. Le Hamas, contrairement à l’OLP, a une position rigide vis-à-vis de son objectif de reprendre toute la Palestine et non pas une partie. Cela s’est clairement exprimé en 1993 lors des accords d’Oslo signés par l’OLP et Israël quand le Hamas a entièrement refusé ce processus de paix.
Les relations rivales entre ces deux acteurs étaient toujours équilibrées par la gouvernance des premiers dirigeants du Hamas le cheikh Ahmad Yassine et Abdel Aziz Rantissi ; et l’ancien dirigeant du Fatah et de l’OLP Yasser Arafat. Mais, c’est avec la signature de ces accords d’Oslo, dont nous expliquerons plus tard le contenu, que cette rivalité va s’enraciner. Ces accords étaient destinés à initier un processus de paix et un découpage des territoires palestiniens en trois zones, accompagné d’une structuration politique de l’Autorité Nationale palestinienne qui sera l’entité gouvernementale responsable de l’administration de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Mais, au lieu d’instaurer la paix, les accords seront suivis par des attentats extrémistes des deux côtés. Pour en citer quelques exemples : un juif radical tue une trentaine de palestiniens musulmans en prière lors du massacre du Caveau des Patriarches à Hébron de 1994 ; aussi, le Hamas opère des attentats suicides contre des civils israéliens ; et le 4 novembre 1994, Yitzhak Rabin, ancien premier ministre israélien, sera assassiné par un juif d’extrême droite.
Aujourd’hui, la question palestinienne reste un enjeu influent dans la géopolitique ainsi que la politique de la région. Mais, le conflit a été relégué au second plan.
Un conflit relégué au second plan.
La vie politique israélienne est polarisée autour des différentes positions adoptées vis-à-vis du conflit avec les Palestiniens. D’une part, les partis dits de gauche qui reconnaissent le droit des Palestiniens à vivre sur une partie de cette terre disputée, mais sans prioriser l’instauration d’un État pour ces Palestiniens. D’autre part, les partis de droite comme le Likoud de Benjamin Netanyahu qui revendiquent le droit des juifs à gouverner sur la Palestine entière à travers la colonisation et l’expulsion des Palestiniens des terres concernées.
Cette polarisation autour de la question palestinienne semble perdre en importance dans la vie politique israélienne. En effet, d’autres enjeux comme le développement socio-économique ou la lutte contre la pauvreté sont prioritaires. Un bel exemple du passage de la question palestinienne au second plan serait la négligence par la majorité législative de droite à la Knesset, de la colonisation juive de la Cisjordanie ou même des crimes de guerre commis dans la bande de Gaza notamment en 2014.
-Chez les Palestiniens, les partis politiques sont aussi divisés autour du conflit. Le Hamas qui gouverne la bande de Gaza, refuse complètement de négocier avec Israël. Alors que le Fatah, fondé par Yasser Arafat et qui gouverne la Cisjordanie, accepte de négocier avec Israël autour d’un potentiel partage des terres (donc la solution à deux États et les accords d’Oslo). Ainsi, la séparation interne des Palestiniens paraît plus importante que la lutte contre l’ennemi commun et les Palestiniens souffrent d’ailleurs davantage de la division inter-palestinienne que de la colonisation israélienne.
Les solutions envisagées pour ce conflit.
Deux États.
Une des solutions les plus souvent discutées est la solution à deux États qui perd du terrain. Cette solution consiste à créer un État palestinien qui serait l’égal de l’État israélien, donnant ainsi une certaine souveraineté au peuple palestinien et assurant une conservation des deux différentes cultures et histoires, afin de résoudre ce conflit. Bien évidemment, vu la complexité du travail de découpage de ce territoire, les deux partis concernés devront faire des concessions sur des terres revendiquées. Concrètement, cette solution à deux États peut s’exprimer en plusieurs formes. Par exemple, le plan de paix américain de janvier 2020 initié par l’ancien président des Etats-Unis Donald Trump proposait bien la création d’un État palestinien mais il assure aussi le maintien des colonies israéliennes en Cisjordanie, la mise en place de Jérusalem sous contrôle israélien et la démilitarisation de l’État de Palestine accompagné d’un renoncement palestinien au contrôle des frontières et de son espace aérien. Nous voyons donc clairement pourquoi le président palestinien Mahmoud Abbas a rapidement rejeté ce plan et a même menacé de rompre ses relations avec les Etats-Unis et Israël.
Les solutions à deux États ne sont pas du tout une nouveauté, dès la création d’Israël pendant le mandat britannique, plusieurs plans sont proposés comme la plan Peel de 1937, le plan Woodhead de 1938 ou le plan de partage de 1947 voté aux Nations Unies qui sera la cause directe de la première guerre israélo-arabe. Depuis la guerre de six jours de 1967, les négociations autour du plan de partage du territoire se basent sur les frontières dites “de 1967” ou d’avant la guerre de Six Jours. Je vous conseille de consulter une carte de frontières dans ce territoire pour pouvoir se localiser géographiquement.
Les accords d’Oslo ont été le dernier véritable espoir de paix entre les deux États. Après la première Intifada de 1987-1993, des négociations entre le président de l’OLP Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin sont menées à Oslo en Norvège. La signature de ces accords avait prévu un échange entre les deux partis : d’une part, l’OLP reconnaît Israël et accepte la paix et un retour aux frontières de 1967 ; d’autre part, Israël reconnaît l’OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien. De plus, la création d’un État palestinien se fera progressivement avec l’aide de l’autorité palestinienne (sorte de gouvernement provisoire administrant un proto-Etat) et une division des contrôles administratifs et sécuritaires entre cette autorité et Israël. Malheureusement, ces accords n'aboutissent pas à cause d’une série d’attentats et d’attaques terroristes ainsi que l’arrivée de Benjamin Netanyahu au pouvoir en Israël qui va “geler le processus de paix” comme l’a dit Henry Laurens, historien spécialiste du monde arabe, dans une vidéo publiée par l’Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient.
D’autres tentatives de solutions à deux États qui n’ont pas aboutis sont: Camp David II (2000); Taba (2001); l’initiative de Genève de 2003 et la conférence d’Annapolis de 2007. De nos jours, le scénario d’une solution à deux États s’éloigne de plus en plus chaque année avec les mêmes obstacles que nous avons cités brièvement qui freinent le processus de paix.
Un État.
Quant à la solution à un État partagé entre Palestiniens et Israéliens, elle semble être utopique et inapplicable en réalité à cause des tensions entre les deux communautés qui ont historiquement déjà vécu en paix malgré quelques clivages religieux. En théorie, cet État impliquerait une égalité entre citoyens et un partage égal du pouvoir entre les deux groupes ; tout en évitant les disputes sur les frontières et le statut de la ville de Jérusalem. Mais, en réalité, ce serait trop compliqué d’effacer ou même juste d’ignorer les sentiments nationalistes des deux camps : un vrai problème d’identité se pose. Certaines solutions proposent un seul État avec une souveraineté réduite de la population rivale : par exemple, un État israélien où les Palestiniens seraient privés de quelques droits, concernant surtout le domaine militaire. Ce dernier exemple pourrait devenir une réalité dans les années à venir selon certains analystes.
Deux États, un seul pays.
Maintenant, nous allons nous intéresser à l’initiative “Two States, One Homeland” fondée par le journaliste israélien Meron Rapoport et l’activiste palestinien Awni Al Mashni. Cette initiative propose une confédération comme solution pour le conflit israélo-palestinien basée sur des principes que vous pourriez trouver sur leur site internet, dont les plus importants sont la démocratie, la liberté, la souveraineté, la patrie, la justice, la sécurité, la confédération et Jérusalem pour tous. Dans cette confédération, certaines compétences seront communes aux deux États palestinien et israélien surtout en ce qui concerne les infrastructures, l’accès aux ressources ou l’électricité.
Les obstacles majeurs selon l’analyse d'Inès Gil, journaliste freelance basée à Beyrouth
Premièrement, les colonies israéliennes sont considérées comme un obstacle majeur à la paix aux yeux de l’ONU et d’une grande partie de la communauté internationale. D’ailleurs, après que les Etats-Unis ont décidé de ne plus considérer les colonies israéliennes contraires au droit international, l’ONU a rappelé la position des nations unies sur les colonies israéliennes, à savoir qu’elles constituent -et je cite- “des violations flagrantes du droit international et un obstacle majeur à la paix”. Ces colonies grignotent en quelque sorte l’espace de la Cisjordanie où vivent historiquement les Palestiniens ; et les objectifs derrière cette colonisation sont aussi bien religieux qu’économiques. En effet, les prix de l’immobilier à Jérusalem ont fortement augmenté durant ces dernières années.
Le deuxième obstacle important aux négociations de paix est le ville de Jérusalem qui est disputée par les deux communautés qui la considèrent chacune comme leur capitale historique vu le caractère religieux de la ville sainte où l’on retrouve le Second temple de Jérusalem, centre spirituel des juifs ; la mosquée Al Aqsa où selon la tradition musulmane, le prophète Muhammad se serait élevé au ciel durant le voyage nocturne (Israa et Miraj en arabe) ; et le Saint-Sépulcre qui est considéré comme le tombeau du Christ.
Troisièmement, la séparation entre la bande de Gaza et la Cisjordanie rend le processus de paix de plus en plus difficile et complexe vu que le territoire palestinien n’est pas géographiquement uni, nécessitant donc des projets de construction de tunnels pour relier les deux zones. Actuellement, comme nous l’avons déjà mentionné, le Hamas islamiste est au pouvoir à Gaza ; et le Fatah, plus grande faction de l’OLP, contrôle la Cisjordanie ; et les deux gouvernants ont des politiques différentes. Par exemple, l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est plus ouverte à la coopération avec l’État hébreu alors que le Hamas s’oppose complètement à une coopération et se trouve soumise à un blocus.
Quatrièmement, le manque de confiance entre Palestiniens et Israéliens érodé après les violences durant les conflits.
Finalement, le manque de volonté politique surtout de la part du Hamas qui refuse une solution à deux États ; ainsi que du gouvernement israélien qui tend de plus en plus vers l’extrême droite.
La restructuration des relations israélo-arabes.
Le conflit n’est plus central dans l’organisation des relations géopolitiques au Moyen-Orient. En effet, la plupart des pays arabes semblent être exaspérés par ce conflit où l'État hébreux est clairement le vainqueur. Malgré les interventions militaires arabes depuis 1948, les pays arabes se rapprochent progressivement d’Israël. Le premier pays qui a signé un accord de paix avec ce dernier est l’Égypte sous Anouar El Sadate en 1979. Ensuite, c’est la Jordanie qui suit en signant un accord en 1994. Même s’il reste encore beaucoup d’États arabes qui n’ont pas normalisés les relations avec l’État hébreux, il semble y avoir un certain rapprochement entre l’Arabie Saoudite et ses alliés, et Israël, justifié par une crainte d’un ennemi commun : la République islamique d’Iran et ses proxys comme le Hezbollah ou l’organisation Badr. Ainsi, les alliances de la région se font plutôt autour du soutien ou pas de l’Iran, au lieu de la question palestinienne : nous trouvons alors, pour simplifier, un axe pro-Iran et un axe anti-Iran. Aussi, il est important de prendre en compte les facteurs économiques des rapprochements entre États arabes et l’État hébreu. La majorité des économies arabes dépendent du secteur pétrolier mais les dirigeants de ces pays cherchent à se tourner vers de nouveaux secteurs notamment les hydrocarbures plus écologiques et les nouvelles technologies, deux secteurs où l’Israël excelle. Avec l’accord signé ce dernier octobre 2022 avec le voisin libanais pour délimiter les ZEE, Israël va très rapidement commencer à exploiter ses gisements gaziers, gagnant en indépendance énergétique. Sur le point technologique, l’État hébreu est devenu aujourd’hui une véritable start-up nation. D’ailleurs, je vous conseille fortement de visionner le documentaire Holy Land : Startup nations de Wired UK publié sur YouTube en 2017. Ainsi, dans l’optique de coopérer avec cet État, de nombreux pays arabes normalisent leurs relations diplomatiques avec ce dernier, notamment lors des accords d’Abraham avec Israël de 2020 signés initialement par les Émirats Arabes Unis et le Bahreïn auxquels vont se joindre le Maroc et le Soudan. Quant au géant saoudien, une normalisation serait difficilement envisageable vu que la monarchie porte un statut de protectrice des lieux saints musulmans.
Actualité récente autour du conflit.
Le conflit israélo-palestinien pourrait être caractérisé interminable. Chaque jour, chaque semaine, chaque mois, un activiste est arrêté, des roquettes sont envoyées de Gaza sur Israël et vice-versa, un nouveau film apparaît, un parti politique arrive au pouvoir etc… C’est pour cela que je vous conseille de suivre les évènements les plus importants sur ce conflit en diversifiant les sources et en adoptant un esprit critique dans vos recherches pour ne pas tomber dans le piège de l’illusion ou de la désinformation.
En mai 2022, la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh de la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera a été tuée par un tir de l’armée israélienne lors d’affrontements en Cisjordanie qu’elle couvrait. Le ministère de la Défense israélien a rapidement précisé, et je cite, “qu’il n’y avait aucun tir de l’armée en direction de la journaliste”. Le 6 décembre 2022, la chaîne Al Jazeera a soumis au procureur de la Cour Pénale International un dossier incriminant l’armée israélienne pour la mort de sa journaliste.
Le 18 décembre 2022, Saleh Hamouri, avocat et activiste franco-palestinien détenu en prison depuis mars 2022 par Israël, est expulsé dans un avion vers la France contre son gré. Amnesty International a qualifié cette action de “déportation”, une grave violation des droits humains.
Aussi, en Israël, le film Farha que je vous ai conseillé plus haut a été réprimé par les autorités israéliennes car il montre une scène où des soldats israéliens fusillent une famille palestinienne forcée à l’exode.