Évolutions de la diplomatie française à l’égard de la Question de Palestine

Article de Nael El Kihal , Mai 2024

En janvier 2020, lors d'une visite officielle à Jérusalem, le président Macron a fermement réprimandé les forces de l'ordre israéliennes pour avoir violé le protocole d'accès à l'église Sainte-Anne. Ces avertissements, à l’instar de Jacques Chirac en 1996, soulignent l'importance historique et diplomatique de ce lieu pour la France. Macron a rappelé aux agents de sécurité israéliens que ce site religieux est un territoire français au cœur de Jérusalem, et qu'ils ne peuvent entraver la visite du Président de la République française. Cette intervention fait écho aux possessions françaises à Jérusalem depuis le XIXe siècle, résultant de la cession de lieux religieux par l'Empire ottoman à la France, conformément aux relations diplomatiques établies dès 1536 avec les accords des Capitulations conclus entre Soliman le Magnifique et François Iᵉʳ. La France jouit ainsi depuis d'un rôle historique majeur dans la protection des chrétiens d'Orient, ces sites religieux étant placés sous l'autorité du consulat français. Présente depuis des siècles dans cette région, la France a hérité d'un rôle historique clé depuis les États latins d'Orient lors des croisades, ce qui confère une importance particulière à son implication dans les problèmes contemporains de cette terre, notamment le conflit israélo-palestinien. L'évolution de la diplomatie française dans cette région a été influencée par l'émergence du nationalisme israélien et palestinien. Alors qu'Israël a obtenu son État et a été reconnu par les Nations unies en 1949, la quête d'un État palestinien reste un défi, marqué par l'occupation israélienne et la privation de souveraineté. La France, forte de ses liens historiques et de sa présence sur cette terre, s'est engagée dans la résolution de ce conflit. Ce dossier a occupé une place prépondérante dans les agendas diplomatiques successifs de l’Élysée et du Quai d’Orsay, depuis la “politique arabe” gaulliste jusqu'aux initiatives du président Macron, en passant par les actions marquantes de Mitterrand et de Chirac afin d’intégrer la France dans la résolution de ce problème complexe.

Ce travail portera sur une analyse des actions, déclarations et erreurs de la diplomatie française à l’égard de la question de Palestine de 1948 à 2024. Cette étude s’appuie sur un corpus littéraire solide et riche ainsi que sur de nombreux entretiens exclusifs (en annexe) que j’ai réalisés avec des spécialistes de la question, tels que d'anciens ambassadeurs français comme Yves Aubin de la Messuzière et Stanislas de la Boulaye, ainsi que des politologues spécialistes du Moyen-Orient comme Jean-Paul Chagnollaud et Gilles Kepel.

À travers ces différentes sources, cet écrit traitera la question suivante :

Comment la diplomatie française a-t-elle évolué d'une diplomatie d'aura et d'influence concrète à une diplomatie hésitante et dépourvue de vision pour le dossier palestinien ? En d'autres termes, comment avons-nous perdu notre voix sur ce dossier et quelles politiques devrions-nous adopter pour corriger nos erreurs ?

Je reviendrai d’abord sur notre histoire tumultueuse, entre coup d’éclats et revers diplomatiques, depuis 1948. Ensuite, j'analyserai la politique étrangère d’Emmanuel Macron à cet égard. Enfin, j'apporterai mon avis, dans la plus grande humilité, en proposant une liste de mesures non exhaustives que nous devrions prendre afin de régler la question de Palestine et de contribuer à la paix régionale.

Sommaire :

 

I) Une histoire tumultueuse, entre coup d’éclats et revers diplomatiques :

Page 4-10

 

●     Page 4 : La IV République et Israël.

●     Page 4 : Charles De Gaulle et le pari arabe de 1967.

●     Page 5 : Georges Pompidou, dans la continuité du Général.

●     Page 6 : Valéry Giscard d'Estaing et l’ouverture palestinienne.

●     Page 7 : François Mitterrand, l’équilibriste, entre ami d’Israël et soutient des Palestiniens.

●     Page 8 : Jacques Chirac, l’ami des Arabes.

●     Page 9 : Le tournant pro-Israël de Nicolas Sarkozy.

●     Page 9 : François Hollande et l’inaction pour la question Palestinienne.

 

II) La diplomatie sous Emmanuel Macron sur la question de Palestine :

Page 11-15

 

●     Page 12 : Macron à l’heure du 7 octobre 2023.

●     Page 13 : La France, un acteur humanitaire de premier plan ?

●      Page 14 : Macron, une diplomatie sans diplomates sur la question de Palestine.

 

III) 10 mesures pour notre diplomatie vis-à-vis de la question de Palestine :

Page 16-21

 

●      Page 16 : La question de Palestine est et doit rester centrale pour la diplomatie française.

●      Page 16 : Le quai d’Orsay doit être au centre de notre diplomatie pour la Palestine.

●      Page 17 : La France doit imposer un embargo militaire sur Israël.

●      Page 17 : La France doit être un acteur de la médiation avec tous les acteurs pour la paix régionale.

●      Page 18 : La France doit reconnaître bilatéralement l’État Palestinien.

●      Page 19 : La France doit être ferme vis-à-vis d’Israël.

●      Page 19 : La France doit retrouver une politique d’indépendance sur ce dossier.

●      Page 20 : La France doit conserver son rôle culturel et historique.

●      Page 20 : La France doit organiser une paix juste et concrète.

●      Page 20 : La France doit retrouver une politique globale cohérente pour le Proche-Orient.

 

Conclusion - Page 21

 

I) Une histoire tumultueuse, entre coup d’éclats et revers diplomatiques :

 

Ce retour historique sur la question de Palestine ne vise pas à citer toutes les actions françaises à cet égard, mais davantage à donner les grandes lignes sous chaque présidence par les grands moments et les débâcles de la diplomatie française depuis la création d’Israël en 1948 sous la IV République jusqu'au mandat de François Hollande.

 

La IV République et Israël :

 

Après la Seconde Guerre mondiale et les horreurs de la Shoah, la question de l'établissement d'un État juif en Palestine se posa au sein de la société française et des instances dirigeantes. Malgré les pressions de nombreuses personnalités telles que Léon Blum, Pierre Mendès France ou encore Raymond Aron, ainsi que de l'opinion publique, le Quai d'Orsay manifesta initialement une réticence à reconnaître Israël. Cette réticence s'expliquait en partie par la volonté de ne pas froisser les alliés arabes de la France et les populations arabes du Maghreb, alors sous l'emprise coloniale française, comme le soulignait un rapport adressé au ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault. Paris adopta ainsi une attitude attentiste et préconisa une solution de compromis par le biais de l'ONU, ne reconnaissant Israël qu'en 1949.

À la suite de ces événements, Israël émergea comme un allié de poids pour la IVe République française dans la région puisque “Israël est vu comme une sentinelle des valeurs occidentales au cœur du monde arabe[1]. Paris établit alors une alliance militaire avec le jeune État hébreu. Dès 1954, le gouvernement commença à vendre des armes à Israël, ce à quoi le Quai d’Orsay fut hostile. Cette alliance mena à la crise de Suez en 1956, au cours de laquelle la France persuada Israël d'intervenir aux côtés du Royaume-Uni contre l'acte de nationalisation du canal de Suez par le colonel égyptien Nasser. Cette décision s'avéra être une erreur stratégique, car ce fut un fiasco diplomatique sous les pressions des États-Unis et de l'Union soviétique, ce qui porta un préjudice considérable à la réputation de Paris et de Londres dans la région. À la suite de cet épisode, le gouvernement de Guy Mollet apporta encore davantage son soutien à Israël dans l'acquisition de l'arme nucléaire afin de renforcer son appui diplomatique au Proche-Orient.

 

Charles De Gaulle et le pari arabe de 1967 :

 

De Gaulle, 29 juin 1967 : “Dans cette situation que nous prévoyons longue et pénible pour tous, nous avons l’intention de conserver nos rapports avec Israël et avec les Arabes.”[2]

 

À son retour au pouvoir en 1958, Charles de Gaulle insuffla une dynamique nouvelle à la diplomatie française avec l'établissement d'une “politique arabe”, notamment suite à la perte de l'Algérie en 1962. La France continuait cependant de vendre du matériel militaire à Israël, notamment des Mirages, tout en se rapprochant également d'autres pays arabes. Les Mirages vendus à Israël ont joué un rôle crucial dans son offensive éclair en 1967, où Tsahal écrasa les armées arabes en 6 jours. Cette guerre éclair constitua alors un tournant majeur dans la diplomatie française et la position de De Gaulle, qui condamna fermement Israël. Il se rangea du côté des Arabes en accusant Israël d'être une puissance agressive qui exagère la menace pesant sur son existence pour justifier des agressions. Le général décréta alors un embargo sur Israël pour cesser les ventes d'armes, particulièrement les Mirages.

Afin de régler la situation, la France, par l'intermédiaire de Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères (1958-1968) prôna une solution onusienne par le biais du Conseil de sécurité. Ce dernier adopta la résolution 242, mais Israël refusa son application, ce qui suscita la colère de De Gaulle. Ainsi, lors d’une célèbre conférence de presse le 27 novembre 1967, il décrivit les Juifs comme un "peuple sûr de lui-même et dominateur", tout en décrivant Tsahal comme une armée d'occupation et affirmant que "l'occupation ne peut aller sans oppression, répression et expulsion". Ces propos acerbes à l'égard d'Israël ont suscité un tollé médiatique. Le général fut taxé d'antisémitisme et accusé de raviver une page sombre de l'histoire des Juifs, selon Raymond Aron dans De Gaulle, Israël et les Juifs en 1968. L'action du général s'avérait alors risquée, d'autant plus que des dissensions se créèrent dans son camp, où même les plus fidèles barons du gaullisme, tels que Chaban-Delmas, Debré ou Schumann, restèrent en retrait de cette position.

De Gaulle prit alors le pari de risquer l'isolement politique et diplomatique en adoptant une telle posture à l'égard d'Israël, comme le soulignait Couve de Murville[3]. Cette audace fonctionna, puisque De Gaulle fut alors perçu comme un grand homme et un soutien des Arabes. La France s’éloigna ainsi de son image de puissance coloniale impérialiste au profit d’une nouvelle image de puissance d’influence avec des liens forts avec les Arabes.

 

Georges Pompidou, dans la continuité du Général :

 

Pompidou “La politique de la France au Moyen-Orient n’a pas pour objet de vendre des armes, mais de travailler à l'établissement de la paix”. [4]

 

En 1969, Georges Pompidou succéda à De Gaulle qu’il avait assisté, pendant ses six années à Matignon, sur cette fameuse “politique arabe”. Il poursuivit ainsi dans cette lancée en affirmant la primauté du droit international et la politique arabophile initiée quelques années plus tôt, dans le but d'offrir une troisième voie face au soutien américain à Israël et au soutien soviétique aux Arabes. Il était prêt à renouer un dialogue avec Israël, mais essuya les refus de Golda Meir, première ministre israélienne. Il rencontra aussi des problèmes diplomatiques à l’instant du scandale des vedettes de Cherbourg à la fin de décembre 1969, ce qui humilia la France.

Au cours de son mandat, Pompidou s’est attaché à poursuivre la politique arabe et la troisième voie française en nouant un partenariat avec la Libye en vendant des Mirages à Kadhafi, qui prônait la lutte contre Israël, ce qui irrita les milieux pro-israéliens. Ces Mirages furent ensuite prêtés à l'Égypte lors de son offensive face à Israël dans la guerre du Kippour en 1973, ce qui suscita des tensions diplomatiques. Michel Jobert, ministre des Affaires étrangères (1973-1974), prônait une coopération pour atténuer les tensions et les conséquences d'une crise pétrolière. Il prit alors le contre-pied des Américains, qui menèrent une diplomatie agressive initiée par Henry Kissinger qui refusait la coopération. Jobertchoqua par ailleurs une partie de l'opinion en annonçant la phrase suivante à l'égard du conflit : "Est-ce que tenter de rentrer chez soi constitue forcément une agression imprévue ?"[5]. C'est une position qui déplut aux soutiens d'Israël, mais suscita l’engouement des États arabes.

Le mandat de Pompidou ne fit ainsi pas l'unanimité et suscita les critiques des pro-Israéliens, issus du centre politique français, à l'image d'Alain Poher. Pompidou, en marchant dans les pas du Général de Gaulle, continua une politique de grandeur basée sur de bonnes relations avec les Arabes.

 

Valéry Giscard d'Estaing et l’ouverture palestinienne :

 

Giscard d’Estaing à l’égard du peuple palestinien en 1980: “Ce peuple existe, il est nombreux, il vit dans une situation d’exil, d’éloignement, de dénuement, il aspire à exister en tant que tel.”[6]

 

En 1974, suite au décès de Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing (VGE) accéda à la présidence. Dans la continuité de ses prédécesseurs, il lança une politique étrangère préoccupée par la place de la France dans le monde arabe. Il mit ainsi sur le devant de la scène les acteurs palestiniens, qui étaient davantage marginalisés sous De Gaulle et Pompidou au profit des autres nations arabes. Alors, en 1974, Jean Sauvagnargues, ministre des Affaires étrangères (1974-1976) fut le premier ministre occidental à rencontrer officiellement Yasser Arafat et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Beyrouth. Il s'agissait d'une grande première qui initia des relations entre la France et l'OLP, aboutissant à la création d'un bureau politique de l'OLP à Paris en 1975. Par la suite, VGE se montra réticent à l'égard des accords de Camp David, considérant que cet accord était trop favorable à Israël, au détriment de l'Égypte de Sadate. Le président critiqua ces accords car ils ne garantissaient aucune condition pour un État palestinien, pourtant crucial. La France fut d'ailleurs l'un des acteurs majeurs de la déclaration de Venise en 1980, où le Conseil Européen réuni affirma la nécessité et le soutien à l’autodétermination du peuple palestinien. Cette position attira les foudres des Israéliens et des Juifs, qui reprouvèrent la  politique de VGE jusqu'à la fin de son mandat.

Sa politique de mise en valorisation politique des Palestiniens fut témoin d’avancées cruciales pour cette question, ce qui suscita évidemment à nouveau de nombreuses critiques dans le camp adverse. VGE fit porter la voix nouvelle des Palestiniens aux yeux de l’Europe et du monde.

 

François Mitterrand, l’équilibriste, entre ami d’Israël et soutient des Palestiniens :

 

Mitterrand, 23 novembre 1988 : “la France a pris acte de la proclamation d’Alger et reconnaît le droit des Palestiniens à vivre sur un territoire constitué en État indépendant”.[7]

 

En tant que premier président socialiste de la Vᵉ République, François Mitterrand souhaita relancer un dialogue avec Israël, pour s’inscrire dans la lignée de ces prédécesseurs de gauche de la SFIO sous la IV république. Il prit ainsi la décision historique d'effectuer une visite officielle en Israël en 1982 (ce qu’il avait annoncé dans sa campagne comme devant être son premier voyage), une première pour un président français. Aux yeux de nombreux diplomates arabes, Mitterrand fut perçu comme un agent sioniste du fait qu'il rejeta également la déclaration de Venise de 1980. Cependant, le président socialiste adopta une position plus nuancée, suivant les pas de De Gaulle, en instaurant une “politique arabe”. Il nomma en effet Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures (1981-1984), ouvertement arabophile et soutenant l'idée d'un État palestinien. Il déclara à Abu Dhabi en 1982 “Un État palestinien doit être créé dans les territoires occupés qui doivent être évacué par Israël conformément à la résolution 242 de l’ONU[8]. Alors que la position de Cheysson était claire, Mitterrand restait plus imprécis sur la consécration d’un État palestinien.

Le président et son gouvernement se sont néanmoins investis en faveur de la cause palestinienne en sauvant Yasser Arafat et les dirigeants de l'OLP au Liban à deux reprises en 1982 et 1983. L'armée française est intervenue pour les exfiltrer, assurer leur sécurité et leur départ vers la Tunisie. C'est dans cette même logique que Mitterrand reçut Yasser Arafat à Paris en 1989 lors d'une véritable visite d'État, à l'image d'un président lui conférant une posture internationale. Grâce à ces progressions, le président de la République exerça une influence décisive, bien que discrète, dans la suppression de la promotion de la lutte armée dans la charte de l'OLP et dans les accords d’Oslo de 1993.

Au cours de ses 14 années à la tête de l'État, Mitterrand a su concilier une politique d'équilibre entre le soutien apporté à la sécurité d'Israël et le soutien à la création d'un État palestinien, en portant une voix forte.

 

 

 

 

 

 

Jacques Chirac, l’ami des arabes :

 

Jacques Chirac, Ramallah, 1996 : “un règlement de la question palestinienne est la clé, le cœur d'une paix juste et globale dans le Proche-Orient”[9].

 

Aux yeux des Arabes, Jacques Chirac bénéficiait d'une image glorieuse en tant qu'homme connaissant bien la région et ses réalités. Il prôna rapidement une position favorable à un État palestinien, positionnant la France en tant que médiatrice privilégiée. Il aspirait à faire de la France la cheffe de file de la diplomatie européenne sur cette question, comme il l'avait évoqué dans son grand discours au Caire en 1996 : “Cette grande politique arabe, la France souhaite la partager avec toute l'Europe[10]. En 1996, il se rendit en Palestine pour affirmer son soutien à un État palestinien. Des tensions éclatèrent lors de sa visite à Jérusalem, lorsque la délégation française fut entravée et intimidée par les forces de l'ordre israéliennes. Chirac, avec un charisme assuré, adressa une invective aux Israéliens avec la fameuse phrase suivante : “Do you want me to go back to my plane?”. Il rappelait alors le rôle historique de la France à Jérusalem avec l'Église Sainte-Anne, domaine français. Il décida également de se rendre à Gaza et Ramallah, où il fut reçu par des milliers de Palestiniens sous de fortes ovations. Ce fut un moment historique, car il était alors le premier dirigeant occidental à s'y rendre publiquement. Il établit des relations solides avec Yasser Arafat et les Palestiniens.

Chirac exprimait une voix claire, mais qui n'a pas suscité de grands bouleversements. Il mit en avant le rôle de la France, mais sans changer véritablement les réalités palestiniennes face aux pressions américaines notamment. En effet, au début des années 2000, se posait la question d'inscrire le Hamas comme organisation terroriste. Un débat a vu le jour au Quai d'Orsay entre une reconnaissance totale de l'organisation comme terroriste ou seulement de sa branche militaire et non politique. Yves Aubin de la Messuzière, alors directeur de la région Afrique du Nord Moyen-Orient au Quai d'Orsay, prônait une distinction pour ne pas condamner la branche politique. Chirac fut pendant un temps convaincu, mais céda par la suite aux pressions américaines et décida de condamner totalement le Hamas. La fin de son second mandat après 2005 fut marqué par un essoufflement de cette dynamique pour la Palestine au profit d’un rapprochement avec Israël, en témoigna la visite d’Ariel Sharon à Paris en 2005.

Ainsi, la France chiraquienne mena une diplomatie de symboles, mais sans changement concret à l'égard de la question palestinienne face aux pressions américaines et israéliennes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le tournant pro-Israël de Nicolas Sarkozy :

 

Nicolas Sarkozy, 2007 devant les ambassadeurs “Je vous le dis clairement, je suis l’ami d’Israël[11].

 

Durant sa campagne présidentielle en 2007, Nicolas Sarkozy s'est affiché en fervent soutien d'Israël, en raison de ses convictions politiques et de ses liens familiaux. Sarkozy a initié un tournant pro-américain en rompant totalement avec la position gaulliste, en réintégrant le commandement intégré de l'OTAN en 2009. Cette politique a été menée sous l'égide de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères (2007-2010). Ce dernier a adopté une diplomatie pro-américaine, alignée sur toutes leurs positions. On parle alors d'une "Kouchnerisation" de la politique étrangère, avec l'émergence au Quai d'Orsay d'un fort courant néoconservateur, d'inspiration américaine, qui considère que la question palestinienne n'est plus un problème majeur. Le président de la République s'est fait remarquer en tenant des propos maladroits, comme lorsqu'en 2009, après que Gaza ait subi des bombardements incessants d'Israël pendant 3 mois, il déclara que "les Européens sont aux côtés d'Israël pour assurer son droit à la sécurité", sans exprimer de compassion envers les victimes palestiniennes, instaurant ainsi un véritable deux poids deux mesures. Il a suivi la ligne de la droite israélienne et la doctrine de Washington. Sarkozy a également mené une véritable politique amicale envers les institutions juives de France en participant pour la première fois au dîner du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) en 2008, une première pour un président français.

Cependant, cette position pro-israélienne fut par la suite tempérée par Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères (2011-2012). Il réinstaura une figure chiraquienne en soutenant l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en 2011, malgré les pressions américano-israéliennes.

Le bilan général de Sarkozy est celui d'un effacement de la France au profit des Américains avec l'OTAN et d’un alignement sur les positions d’Israël, sans changer la situation des Palestiniens.

 

François Hollande et l’inaction pour la question Palestinienne :

 

Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l’État palestinien” engagement 59 de la campagne de François Hollande en 2012.[12]

 

À l’instar de son prédécesseur, François Hollande a démontré une forte inaction et un désintérêt manifeste à l'égard de la question palestinienne. Dès 2012, il s'est initialement opposé au vote français à l’ONU pour la reconnaissance de la Palestine en tant qu'État non membre observateur. Toutefois, sous les pressions de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères (2012-2016), la France a finalement accordé son vote en faveur de la Palestine. Ceci s’explique en partie par la relation amicale qu’entretenait Hollande avec Netanyahu, comme en témoigne sa visite à Jérusalem en 2013. Lors de son discours à la Knesset, il a évoqué la position française en faveur d'une solution à deux États, tout en évitant de heurter les parlementaires israéliens. Par la suite, lors des bombardements massifs d’Israël à Gaza contre le Hamas en 2014, qui ont entraîné la mort de milliers de personnes, Hollande a soutenu la riposte israélienne, malgré sa disproportion manifeste, en accordant peu d'attention aux milliers de morts civils palestiniens. Sa position sur ce conflit en 2014 illustre clairement un double standard entre son amitié avec Netanyahu et son désintérêt pour les Palestiniens. De plus, sous son mandat, la France s'est effacée derrière l'UE et la doctrine pro-israélienne.

Le mandat de Hollande s’avère plutôt négatif avec peu d’actions et de nombreuses maladresses laissant le champ libre au gouvernement de Netanyuhu et la colonisation de la Cisjordanie. Le président socialiste avait pourtant fait de la reconnaissance de l’État de Palestine une promesse de campagne, s’ajoutant à un lot de nombreuses autres non-tenues.

 

Bibliographie principale :

 

-       Sieffert, Denis. Israël-Palestine, une passion française. La Découverte. 2004

 

-       Filiu Jean-Pierre. Histoire du Moyen-Orient : de 395 à nos jours. Paris : Éditions Points. 2023

 

-       Figeac, Jean-François. La France et l’Orient : de Louis XV à Emmanuel Macron. Paris : Passés composés - Humensis. 2022.

 

-       Dalloz, Jacques. La France et le monde depuis 1945. 2e édition. Paris : Armand Colin. 2002.

 

-       Filiu, Jean-Pierre. Mitterrand et la Palestine. Fayard. 2005.

 

-       Badie, Bertrand. La France, une puissance contrariée : l’état du monde 2022. Paris : La Découverte. 2021.

 

-       La Messuzière, Yves Aubin de. Profession diplomate : un ambassadeur dans la tourmente. Paris : Plon. 2019.

 

-       Tabet Ibrahim, Valode Philippe, Ibrahim Tabet, et al. La France au Liban et au Proche-Orient du XIe au XXIe siècle : essai historique. Beyrouth : Ed. de la Revue phénicienne. 2012.

 

-       Laurens, Henry. “La diplomatie française dans le conflit israélo-arabe (1967-1970),” Matériaux pour l’histoire de notre temps. 2009, vol.96 no. 4. p. 3–11.

 

-       Trimbur, Dominique. « Une diplomatie religieuse de la France, du xixe siècle à nos jours: la préoccupation française en Terre sainte/Palestine/Israël en direction des chrétiens latins et unis », Cahiers d’EMAM. 2020 no 32.

 

-       Dalle, Ignace. “Les relations entre la France et le monde arabe,” Confluences en Méditerranée. 2016, vol.96 no. 1. p. 13–28.

 

-       Israël/ Palestine : les renoncements de François Hollande. (s. d.). IRIS. https://www.iris-france.org/90746-israel-palestine-les-renoncements-de-francois-hollande/

 

-        Sieffert, Denis. (2014). François Hollande et le conflit Israélo-palestinien. Un irrésistible parti pris. Recherches Internationales, n°100, 181‑190. https://doi.org/10.3406/rint.2014.1410

II) La diplomatie sous Emmanuel Macron sur la question de Palestine

 

Ce second axe vise à analyser la politique étrangère d’Emmanuel Macron vis-à-vis de la Palestine, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023.

 

Dès le début de son premier mandat en 2017, Emmanuel Macron s’est positionné comme le successeur du mythe gaullo-mitterrandiste en proposant une diplomatie empreinte d'aura et d'audace. En 2017, lors de la visite officielle de Benjamin Netanyahu, Macron a rappelé que la France souhaitait une solution à deux États. En 2018, Macron a reçu Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne, à Paris. Il a réaffirmé la position amicale de la France envers Israël tout en condamnant la politique de colonisation de la Cisjordanie menée par le gouvernement de Netanyahu. Macron se positionne, tels ses prédécesseurs, comme garant du respect du droit international et des grandes résolutions de l’ONU, notamment la résolution 181 (solution à deux États) de 1947 ou la résolution 242 (fin de l’occupation israélienne des territoires palestiniens) de 1967. La France soutient une paix fondée sur la sécurité d’Israël avec la création d’un État palestinien, jugée nécessaire à la stabilité régionale, comme les principes de l’initiative de paix arabe de 2002, à laquelle la France fait régulièrement écho.

 

Le processus de paix français repose sur neuf points généraux [13] :

1)     La France est l’amie des Israéliens et des Palestiniens.

2)     La France se tient du côté du droit international.

3)     La France est engagée en faveur de la stabilité de la région.

4)     La solution de deux États est la seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens à la sécurité, à l’indépendance, à la reconnaissance et à la dignité.

5)     La France considère que Jérusalem doit devenir la capitale des deux États, Israël et le futur État de Palestine.

6)     La France apporte son soutien à la création d’un État palestinien indépendant, viable et souverain.

7)     La France apporte son soutien à la population palestinienne, notamment là où elle est la plus vulnérable.

8)     La France encourage la réconciliation inter-palestinienne

9)     La France est prête à prendre toute sa part à la relance d’un processus politique crédible

En 2020, la signature des accords d’Abraham a créé un tournant dans la politique de Macron. La conclusion fut la suivante : la question palestinienne a perdu de son importance et n’est plus une priorité pour la France. Confronté à cette conjoncture, le président de la République a décidé de retirer la voix française sur ce dossier, estimant que ce n’était plus à l'ordre du jour. Ainsi, lors de son discours à la Conférence des ambassadeurs en août 2023[14], il n’évoqua pas la Palestine. Au cours de son discours de deux heures consacré à la diplomatie française dans le monde, il n'a jamais prononcé le mot Palestine, comme le souligne Yves Aubin de la Messuzière présent  à cette occasion. Seuls “Israël et sa sécurité” ont été évoqués, sans à aucun moment abordé la question palestinienne, pourtant centrale pour la diplomatie française au Proche-Orient. Quelques mois après cette allocution, l’actualité d’octobre 2023 a en effet dramatiquement donné tort à la vision hâtive du président de la République.

 

Macron à l’heure du 7 octobre 2023 :

 

La gestion de la situation par Macron du point de vue israélien a été critiquée, notamment pour son retard à intervenir sur le terrain, son déplacement ayant eu lieu du 24 au 25 octobre, soit plus de deux semaines après les massacres perpétrés par le Hamas. Il a ensuite tenu une conférence de presse[15] avec Benjamin Netanyahu dans la matinée du 24 octobre, au cours de laquelle il a exprimé un soutien total de la France à Israël et à son droit de se défendre face aux attaques du Hamas. Il a souligné que le Hamas est une organisation terroriste, la comparant à Daech dans son discours, et expliquant que cette organisation "est un groupe terroriste, c’est pourquoi il ne porte pas la cause palestinienne". Ces déclarations sont l’exemple de l’incompréhension et/ou de la négation de la réalité historique et locale de la présence du Hamas. Il a également réaffirmé que la priorité dans ce dossier est "la sécurité d’Israël comme une condition première", reléguant alors la question éventuelle d'un État palestinien au second plan.

Pour se faire réhabiliter auprès du gouvernement israélien, Macron a lancé le projet de vouloir lancer une coalition internationale contre le Hamas. C’est une erreur d'appréciation et de compréhension, car il établit un parallèle entre la coalition contre Daech lancée en 2014, unanimement reconnue comme une organisation terroriste, y compris par les pays arabes, et le Hamas, pour lequel les positions divergent, notamment chez les pays arabes qui ne soutiendraient jamais une action militaire internationale contre le Hamas. Ce projet est dépourvu de logique et va à l'encontre de nos intérêts régionaux. En effet, il risque de compromettre nos relations avec nos partenaires arabes. Cela équivaut à s'aligner sur les positions et les déclarations de Netanyahu qui prône la destruction du Hamas. Or, une idéologie ne peut être éradiquée par la répression militaire et l'annihilation d'une population. C’est une faute stratégique et politique, prononcée hâtivement, qui a surpris les observateurs et même le gouvernement Israélien. Dans l'après-midi du 24 octobre, Macron s'est rendu à Ramallah dans la même optique, cette fois-ci avec Mahmoud Abbas[16]. Il a de nouveau rappelé que "Le Hamas ne représente pas le peuple palestinien". Macron met en lumière le fait que le Hamas n'apporte rien au peuple palestinien, si ce n'est du sang et de la terreur.

Depuis ce voyage officiel, le président maintient un véritable dialogue avec le gouvernement israélien et palestinien ainsi que nos partenaires arabes régionaux, en témoignent des échanges téléphoniques réguliers comme rapportés sur les actualités du site de l’Élysée[17].

La France, un acteur humanitaire de premier plan ?

 

Face à la réponse disproportionnée d'Israël, contraire au droit international, la situation humanitaire s'est rapidement détériorée après le 7 octobre. Du fait de l'urgence et pour répondre à l'opinion publique, la France s'est rapidement positionnée en tant qu'acteur humanitaire pour venir en aide aux civils de Gaza qui périssent sous les bombes israéliennes. Le 24 octobre, lors de sa visite au Conseil de sécurité à New York, Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères (2022-2024), a affirmé les grands principes défendus par la France, notamment une “pause humanitaire pouvant mener à un cessez-le-feu[18]. Macron, en déplacement au Caire le 25 octobre, a annoncé que la France enverrait son navire porte-hélicoptère, le Tonnerre, pour servir d'hôpital flottant afin de venir en aide aux populations de Gaza et de soutenir les hôpitaux débordés. C'est un signal diplomatique fort pour montrer que les États-Unis ne sont pas les seuls à envoyer des navires de guerre dans la région. Le 27 novembre, le porte-hélicoptère Tonnerre a été remplacé par le Dixmude pour poursuivre les opérations humanitaires avec un soutien sanitaire, humanitaire et logistique de la bande de Gaza. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s'est félicité que la France soit "la première puissance occidentale à mettre des moyens de soins aussi près de la bande de Gaza"[19]. Dans les faits, il s'agit surtout d'un coup de communication, car le Dixmude n'a pu apporter qu'une aide très superficielle et limitée face à l'urgence. Cette position humanitaire a été confirmée le 9 novembre 2023 lors de l'organisation d'une conférence humanitaire internationale à Paris. Catherine Colonna et le président ont affirmé que l'aide humanitaire française s'élèvera à 100 millions d’euros. Cependant, selon de nombreuses ONG[20], la priorité était surtout un cessez-le-feu immédiat afin d'arrêter net la réponse militaire israélienne, ce que Macron a enfin évoqué lors de la conférence humanitaire, mais assez tardivement sans effet sur la communauté internationale et surtout sur Israël.

La position de la France demeure néanmoins ambivalente. En effet, tandis que la France apporte un soutien humanitaire, elle continue parallèlement à vendre des armes à Israël. Selon une enquête de Disclose[21], la France a poursuivi la vente d'équipements militaires à Israël après le 7 octobre, y compris des composants pour le Dôme de Fer, censés être utilisés à des fins défensives, ainsi que des composants pour des munitions (cf l'enquête de Disclose pour plus de détails). Ces munitions ont été utilisées contre des civils, comme lors du "massacre de la farine" le 29 février 2024 où l'armée israélienne a ouvert le feu sur un convoi humanitaire, tuant 118 personnes et blessant des centaines de Palestiniens. Le ministre des Armées affirme que ce sont des contrats de réexportation et que les armes ne doivent en aucun cas être utilisées à des fins offensives, mais seulement défensives[22]. Cependant, la situation sur le terrain tant à prouver le contraire et qu’il est bien difficile d’assurer le contrôle des armes. C'est un acte grave qui implique la France dans un massacre de masse. Il incombe à la France de garantir le contrôle de ces ventes afin de ne pas participer à des massacres de civils.

 

Macron, une diplomatie sans diplomates sur la question de Palestine :

 

Face à la situation catastrophique et à l'impasse politique, Macron reconnaît que la solution ne peut venir que de la concrétisation d'un État palestinien après des décennies d'espoirs déçus. La sécurité d'Israël, souvent évoquée, ne peut être assurée que par la réalisation de la volonté nationale palestinienne. Ainsi, le président de la République a déclaré le 16 février 2024 : "La reconnaissance d'un État Palestinien n'est pas un tabou pour la France". Il se montre ouvert à l'action ce qui constituerait un bouleversement diplomatique. Bien que 139 pays reconnaissent la Palestine, aucune grande puissance occidentale ou membre du G7 ne l'a encore fait. Ce serait une décision historique, susceptible de transformer la question de Palestine. Alors que Macron a longtemps martelé qu'il prônait une diplomatie de l'audace, il est donc temps de l’assumer et de reconnaître la Palestine.

Pour mener à bien cette diplomatie audacieuse et la rendre efficace, la France doit s'appuyer sur ses diplomates d'excellence du Quai d'Orsay. Ces derniers, notamment les arabisants ayant le statut de “Cadre d'Orient”, sont les mieux placés pour insuffler la politique à adopter, car ils possèdent une connaissance approfondie de ces sujets. Cependant, Macron, par sa gestion jupitérienne, marginalise le Quai d'Orsay et ses diplomates au profit de l'Élysée et de ses proches conseillers. Cette politique de marginalisation existe depuis le début de la présidence Macron, en gardant le contrôle sur le ministère. Ainsi, lorsqu'un fonctionnaire du Quai dérange par ses positions, il est réprimandé, voire renvoyé, comme cela a été le cas pour Christophe Farnaud, directeur Afrique du Nord - Moyen-Orient, en 2021 pour avoir adopté des positions contraires à la présidence. Si l'action de l'Élysée produisait l’effet escompté, ces mesures de Macron pourraient être compréhensibles, mais il n’en est rien. Les diplomates en mission dans des pays arabes lors du 7 octobre ont adressé un télégramme au président, montrant les impacts désastreux de ses actions auprès des populations arabes. Au sein du Quai d'Orsay, de nombreuses voix divergent également, exprimant leur opposition à la politique du président, sans toutefois pouvoir s’exprimer. La nomination de Stéphane Séjourné le 11 janvier en plein cœur de la guerre Israël-Gaza montre clairement le désintérêt et la marginalisation des diplomates. En effet, il nomme un de ses proches, du fait de sa position de secrétaire général de Renaissance et de chef du groupe Renew Europe au Parlement européen (2021-2024). Cependant, Séjourné n'est pas diplomate et ne possède aucune expérience dans ce domaine, encore moins sur les questions du Moyen-Orient, pourtant brûlantes au moment de sa nomination. Macron a préféré placer un député européen en vue des élections européennes de juin 2024, plutôt qu'un diplomate capable d'insuffler un tournant dans la question palestinienne.

Macron fait le choix de conduire une diplomatie sans diplomates, pour reprendre les termes d'Yves Aubin de la Messuzière. Sa politique est dénuée de vision et se limite à des considérations à court terme, sans réfléchir aux conséquences de ses actions sur notre image au Proche-Orient auprès des États et des populations.

 

Bibliographie principale :

 

-       Figeac, Jean-François. La France et l’Orient : de Louis XV à Emmanuel Macron. Paris : Passés composés - Humensis. 2022.

 

-       Filiu Jean-Pierre. Histoire du Moyen-Orient : de 395 à nos jours. Paris : Éditions Points. 2023

 

-       Bauchard, Denis. « La France au Moyen-Orient : du volontarisme gaullien à la “disruption” macronienne » La France, une puissance contrariée. [s.l.] : La Découverte. 2021, p. 196‑202.

 

-       Aubin de La Messuzière, Yves. « L’évolution du Quai d’Orsay et le rôle de la cellule diplomatique de l’Élysée »La France, une puissance contrariée. [s.l.] : La Découverte. 2021, p. 112‑117.

 

-       Vidal, Dominique. « France/Israël/Palestine : la loi du balancier » La France, une puissance contrariée. [s.l.] : La Découverte. 2021, p. 203‑210.

 

-       Chesnot, Christian. Le déclassement français : Élysée, Quai d’Orsay, DGSE : les secrets d’une guerre d’influence stratégique. Neuilly-sur-Seine : Michel Lafon. 2022.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III) 10 mesures pour notre diplomatie vis-à-vis de la question de Palestine :

 

Dans ce dernier axe, je m'emploierai à établir dix recommandations, fondées sur mes observations et analyses avec la plus grande modestie, concernant la position de la France sur la question de Palestine. Ces dix recommandations représentent une liste non exhaustive de mesures à prendre pour guider au mieux notre politique étrangère et contribuer à la paix.

 

1) La question de Palestine est et doit rester centrale pour la diplomatie française :

 

Face à l'actualité brûlante depuis le 7 octobre qui met en lumière le choc de la guerre à Gaza sur le monde arabe et sur la société française, la question de la Palestine ne peut plus être reléguée en arrière-plan. Il s'agit d'une problématique centrale pour notre diplomatie. Alors que la France s'est engagée pendant des décennies sur cette question, nous avons observé un désengagement ces dernières années au profit d'autres sujets jugés plus prioritaires. Cependant, il s'agit là d'une erreur stratégique et de compréhension que de considérer la question palestinienne comme secondaire. Elle constitue avant tout une préoccupation majeure pour l'ensemble du monde arabe, où les différents peuples, des Marocains aux Yéménites en passant par les Égyptiens et les Irakiens, expriment un soutien indéfectible à la cause palestinienne. Ainsi par cette solidarité avec leurs frères arabes palestiniens pour certains ou par solidarité islamique pour d’autres, la cause palestinienne revet une importance cruciale pour ces populations comme le rappelle Dominique de Villepin suite au 7 octobre 2023 en déclarant "la question palestinienne demeure pour les peuples arabes la mère des batailles"[23]. Bien que de nombreux régimes arabes semblent délaisser et marginaliser cette question (pays normalisateurs avec accords d’Abraham en 2020), il est impératif de prendre en compte les aspirations populaires arabes. En effet, ces régimes ne sont pas infaillibles et peuvent vaciller, auquel cas la France doit bénéficier d'une image positive auprès de ces populations afin d'assurer des relations cordiales et durables. Sans une résolution de ce conflit, la région ne sera jamais stable et pacifiée, ce qui entrave le développement de ces États et relations avancées pour la France dans la région.

 

2) Le quai d’Orsay doit être au centre de notre diplomatie pour la Palestine

 

Afin de mener la diplomatie la plus efficace dans la région, elle doit avant tout être confiée aux mains du Quai d'Orsay et de ses experts qui le composent. Le ministre des Affaires étrangères doit cesser d'être marginalisé au profit de la présidence de la République, surtout lorsque celle-ci n'a aucune vision à long terme et gouverne au jour le jour. La France doit établir une pensée stratégique autour d'une doctrine qui définirait une position claire de la France dans le monde arabe et sur la question palestinienne. Pour cela, le Quai d'Orsay et son département Afrique du Nord Moyen-Orient (ANMO) doivent jouer un rôle central et prendre l'initiative. Nous disposons d'un vaste réseau diplomatique sur lequel il convient de s'appuyer pour agir de manière optimale. Bien que les affaires étrangères relèvent communément du domaine réservé de la présidence, celle-ci doit savoir se mettre en retrait si elle n'est pas en mesure d'assumer la responsabilité d'une telle charge. Il est impératif d'adopter une diplomatie cohérente et à long terme, en s'appuyant sur des individus qualifiés plutôt que sur de simples proches du président, qui gouvernent sans vision et sans perspective. Il est nécessaire de restaurer une relation saine entre le Quai d'Orsay et la présidence de la République, à l’instar de la relation telle qu’elle était sous Jacques Chirac où le corps diplomatique était respecté et écouté, ce qui n'est plus le cas sous Emmanuel Macron.

 

3) La France doit imposer un embargo militaire sur Israël :

 

Alors que la situation humanitaire actuelle est désastreuse, avec plus de 30 000 civils tués depuis 6 mois, la France se trouve face à une responsabilité urgente d'intervenir pour protéger le peuple palestinien des crimes de guerre commis par Israël, voire d'un possible génocide, en référence à l’accusation de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice. Il est impératif que la France ne soit en aucun cas complice de tels actes. Cependant, nous sommes engagés dans une coopération militaire avec l'État hébreu en tant que fournisseur d'armements militaires, utilisés contre des civils palestiniens [24]. Face à la gravité de la situation, la France doit absolument imposer un embargo sur les ventes d'armes à Israël, comme l'avait fait le Général de Gaulle avec l'embargo suite à la guerre des Six Jours en 1967. À cette époque, Israël était pourtant un partenaire clé, notamment avec la vente de Mirages quelques années auparavant. Aujourd'hui, Israël représente seulement une part marginale de nos exportations de matériel militaire, soit seulement 0,2%, avec un chiffre de livraison de 15 millions d'euros en 2022[25]. En effet, nous n’avons aucun contrat majeur tel que des Rafales ou des frégates puisque nous vendons principalement des composants militaires. Cependant, il est indéniable que nous vendons toujours des armes à Israël. Du fait que cette relation commerciale ne représentant qu’une infime portion de nos exportations avec une valeur symbolique, la France doit alors instaurer un embargo sur les ventes d'armes à destination d'Israël, comme l'a suggéré un texte du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 5 avril 2024, texte sur lequel la France s’est abstenue. Cette décision d’un embargo, bien que susceptible de susciter des critiques, est préférable aux accusations de complicité de génocide. Il est primordial de s’opposer aux crimes commis par le gouvernement de Netanyahu. L’honneur de la France et son image de patrie des droits de l’Homme sont en jeu.

 

4) La France doit être un acteur de la médiation avec tous les acteurs pour la paix

 

Dans le dessein de mettre un terme au chaos qui sévit à Gaza et à l'instabilité qui prévaut dans la région, au bord de l'explosion, la France doit jouer son rôle d'acteur clé dans les négociations pour mener à un cessez-le-feu puis à une paix durable. Pendant des décennies, la France s'est positionnée en tant que grand médiateur pour la région en entretenant des relations efficaces avec les différents partenaires, que ce soit les États arabes ou les organisations paramilitaires, à l'instar des échanges entre Yves Aubin de la Messuzière et le Hamas en 2008. Cependant, depuis lors, la France s'est rétractée et a opéré un alignement avec les Américains consistant à refuser les négociations et à opter pour une politique rigide vis-à-vis de nombreux acteurs. Concernant le Hamas, depuis la mission française de 2008, nous n'entretenons plus de relations avec cette organisation. Néanmoins, le rôle de la France est de dialoguer avec tous les acteurs afin de construire une paix solide, en vertu des principes du multilatéralisme. Macron a rappelé cette position dans son discours lors de la conférence des ambassadeurs de 2022 : "Oui, le métier de diplomate, c’est bien de parler à tout le monde, y compris aux gens et surtout aux gens avec lesquels nous ne sommes pas d’accord[26]. Il est essentiel de réintégrer tous les acteurs dans des négociations globales. La France dispose ici d'un rôle singulier et original qui lui permet de se démarquer des États-Unis, qui ont une image bien plus détériorée que la France auprès de nombreuses populations du Moyen-Orient. Paris doit porter cette voix de médiateur capable de dialoguer avec tous afin de construire la paix et de trouver une résolution à la question palestinienne.

 

5) La France doit reconnaître bilatéralement l’État Palestinien

 

Le sens de l’Histoire est aujourd’hui à la reconnaissance d’un État palestinien, sur les frontières de 1967, en vertu de la résolution 242 de l’ONU. Toutes les conditions sont réunies pour, enfin, consacrer la volonté de ce peuple palestinien depuis des décennies. Alors que plus de 139 pays dans le monde reconnaissent unilatéralement la Palestine, ceux n’ayant pas pris cette responsabilité représentent une minorité (majoritairement les pays occidentaux). Une reconnaissance à l’ONU, à l’image du vote du 10 mai 2024[27], est aujourd’hui compliquée à imaginer du fait du blocage américain, tout comme il paraît compliqué d’obtenir un consensus européen à 27 sur une reconnaissance de la Palestine par l’UE. C’est pour cela que la France doit ouvrir la voie, prendre les devants et reconnaître bilatéralement la Palestine aux côtés des nations européennes[28] prêtent à franchir le pas, à l’image de l’Espagne, l’Irlande, Malte ou encore la Slovénie. La France doit participer à ce mouvement et ne pas être en retrait. C’est une occasion en or pour Paris de s’afficher en tête de file d’un mouvement de chancelleries européennes qui marquerait l’histoire. Cette dernière, la France doit la suivre et l’écrire et non pas la subir. Ce serait une erreur pour la grandeur de notre diplomatie de s’opposer à l’évolution logique de notre monde. L’audace de la France, en accord des mots de Macron, consiste donc à reconnaître la Palestine bilatéralement sans passer par un vote aux Nations Unies, qui ne peut aujourd’hui pas aboutir.

 

6) La France doit être ferme vis-à-vis d’Israël :

 

Il faut globalement oser s’opposer aux actions de Netanyahu et être ferme sur nos positions. Nous avons été trop indulgents vis-à-vis d’Israël qui agit en totale impunité, notamment sur la question de la colonisation de la Cisjordanie. La fin et le retrait d’Israël des territoires occupés de Cisjordanie est une condition sine qua non à la paix et la résolution du conflit. C’est “l’Histoire, c’est la responsabilité, c’est le prix de la sécurité pour Israël”[29] comme le formula Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, (2002-2004) après le 7 octobre[30]. Israël ne pourra vivre en paix tant qu’elle continuera de confisquer des terres aux arabes. Il ne faut pas avoir peur de le dire et oser affirmer clairement les lignes rouges à ne pas franchir afin d’assurer la paix. La France doit retrouver sa voix forte qui condamne toutes les agressions et les entraves au droit international. Au sujet de la réponse disproportionnée à Gaza depuis le 7 octobre, la France doit être ferme et condamner Israël pour ses crimes envers des civils. Nous devons briser le deux poids deux mesures pour adopter une position neutre, se rangeant derrière le droit international et la promotion de la paix.

 

7) La France doit retrouver une politique d’indépendance sur ce dossier

 

Ces dernières années, notre erreur a été de nous aligner sur les positions américaines, abandonnant ainsi la doctrine gaulliste. Il est essentiel que la France adopte une voix différente, résistant aux pressions américaines en ce qui concerne le dossier palestinien. Malgré le déséquilibre des forces, nous devons demeurer ferme et sûr de nos convictions pour défendre la position de la France et la vision que nous défendons. La défense du droit international et la promotion d'une solution de paix à deux États doivent être notre priorité, même en cas de désaccord avec nos alliés. Dans cette optique, nous devons également conserver notre liberté d'action vis-à-vis de Bruxelles lorsque nos positions ne sont pas partagées par l'ensemble des pays européens. Il incombe à la France de faire prévaloir ses intérêts et sa vision en matière de dossier palestinien. Nous ne devons pas être entravés par les positions préconçues de l'OTAN et de l'UE, mais plutôt rester indépendants et nous assurer que notre voix différente soit entendue. Ainsi, il convient de continuer de réclamer un cessez-le-feu malgré les blocages américains afin d’arrêter la catastrophe humanitaire en cours à Gaza.

 

 

 

 

 

 

 

8) La France doit conserver son rôle culturel et historique

 

Le message que la France porte à l’égard du dossier palestinien se distingue de celui des autres États en raison du poids de l'histoire. Grâce aux accords conclus avec l'Empire ottoman, la France et ses représentations à Jérusalem ont la charge de protéger les chrétiens d'Orient. Dans le cadre de cette mission, nous avons développé des relations solides avec les populations locales. Nous entretenons des liens particuliers avec les Palestiniens, notamment grâce aux efforts du consulat général pour sauver certains d'entre eux lors des guerres de 1948 et 1967. De plus, nos relations avec la population revêtent une dimension culturelle non négligeable pour les territoires palestiniens. En témoigne l'Institut français de Gaza, ciblé par les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, qui est le seul centre culturel étranger présent dans la bande de Gaza. Il constitue l'une des rares ouvertures sur la culture pour les habitants de Gaza, vivant dans une prison à ciel ouvert. Par ailleurs, la France contribue à l'offre éducative avec le lycée français de Ramallah. Il est impératif de poursuivre nos efforts pour tisser des liens solides avec les Palestiniens en favorisant ces coopérations culturelles et éducatives, qui jouent un rôle essentiel dans l'établissement de relations amicales durables.

 

9) La France doit organiser une paix juste et concrète

 

Grâce à notre position historique et nuancée entre Israël et la Palestine, la France doit pouvoir se positionner en tant qu’acteur de la paix. Nous devons travailler sur la construction d’une paix entre Israéliens et Palestiniens. La paix ne sera véritable que si elle prend en compte tous les critères et points de discorde, à l’image du statut de Jérusalem et de ses lieux saints, à la question des réfugiés, l’accès aux ressources maritimes et à l’eau. Pour cela, il ne faut pas faire l’impasse sur les possibles crises à venir afin de les anticiper au mieux, à l’image du stress hydrique qui va devenir un enjeu clé dans les prochaines années. Nous devons l’anticiper et s’y préparer, car cette question créera de fortes tensions. La France doit, à son échelle, investir dans ce domaine, par exemple à travers l’action de l’Agence Français de Développement (AFD) qui travaille déjà sur cette problématique[31]. Une paix stable se dessinera grâce à des réponses adaptées à tous les problèmes qui vont émerger dans les prochaines années, c’est pourquoi il faut envisager une vision à long terme. Cette paix doit être juste et concrète et ne pas favoriser un camp au détriment d’un autre, à l’instar des accords d’Oslo, trop superficiels et biaisés. Il faut apprendre des erreurs d’Oslo pour reconstruire un processus viable où les Palestiniens seront traités d’égal à égal avec leurs homologues israéliens. 

 

10)  La France doit retrouver une politique globale cohérente pour le Proche-Orient

 

La diplomatie française à l’égard de la question palestinienne reflète notre perte de perspective sur la région du Moyen-Orient. Alors que nous avions historiquement des relations profondes fondées sur une vision claire, à l’instar de la politique arabe de De Gaulle, la France a perdu cette cohérence. Il est impératif de retrouver une position logique en définissant un projet et une vision alignés sur nos grands principes pour la région. Nous devons reconstruire une politique de grandeur, basée sur des relations respectueuses et une compréhension approfondie de cette région, notamment de ses différentes cultures, religions et histoires. Il est essentiel de dépasser les préjugés et les simplifications intellectuelles qui entravent une politique appropriée. Dans le cadre de cette nouvelle approche pour le Moyen-Orient, la France doit accorder la plus haute importance au règlement du dossier palestinien, sans quoi la paix régionale ne pourrait exister.

 

 

 

 

 

 

Conclusion :

 

En définitive, la politique étrangère française à l'égard de la Palestine a été un dossier d'importance majeure pour les différents présidents et le ministère des Affaires étrangères. Depuis la passion française pour Israël sous la IVe République jusqu'aux soubresauts néoconservateur aligné sur Washington ces dernières années, en passant par la “politique arabe” gaulliste, la France a adopté des politiques et des positions variées depuis 1948, reflétant la complexité de nos relations avec l’État d’Israël et l’État à en devenir de Palestine. Concernant ce dernier, la France a longtemps œuvré pour mettre en lumière le peuple palestinien et soutenir son légitime désir d'un État viable et reconnu. Cette préoccupation française a été un pilier de notre vision diplomatique pour le monde arabe pendant des décennies de 1967 à 2005. Cependant, la perte de cette vision depuis et l’alignement sur Washington ces dernières années ont entraîné un déclin de notre influence sur ce dossier, ainsi que dans la région dans son ensemble. À mesure que la France s'est éloignée de la position historique tracée par Charles de Gaulle, nos relations avec le Proche-Orient se sont dégradées, reléguant la France au second plan sur des dossiers tels que celui israélo-palestinien. Il est aujourd'hui impératif que nous rectifions le tir en adoptant à nouveau une politique cohérente basée sur notre histoire singulière et nos liens étroits avec cette région et ses populations, qu'il s'agisse du peuple juif israélien ou du peuple palestinien, avec lesquels nous partageons des liens historiques et contemporains. Le retour à une politique cohérente est crucial pour notre survie diplomatique dans la région. Cette politique doit s'inspirer de la vision de De Gaulle, qui, après 1967, a clairement établi que le règlement de la question israélo-palestinienne était l'élément central de la paix au Proche-Orient et des bonnes relations de la France dans la région. Il s'agit d’établir alors une politique de non-alignement français vis-à-vis des États-Unis afin que la France propose un intermédiaire aux populations et États de la région, que les politiques américaines ont mis à feu et à sang ces dernières décennies. La France, alignée sur la “politique arabe” gaulliste, doit porter ce message de respect des populations locales et de paix régionale, qui ne pourra se réaliser que par la résolution de la Question de Palestine.

 


[1]Sieffert, Denis. Israe͏̈l-Palestine, une passion française : la France dans le miroir du conflit israélo-palestinien. Paris : La Découverte. 2004.

[2]Fondation Charles de Gaulle. (2017, 10 octobre). De Gaulle et Le Moyen-Orient - Fondation Charles de Gaulle. Fondation Charles de Gaulle -. https://www.charles-de-gaulle.org/lhomme/dossiers-thematiques/de-gaulle-moyen-orient/

[3] De Murville, M. C. (1971). Une politique étrangère, 1958-1969. Paris, Plon.

[4]Tabet Ibrahim, Valode Philippe, Ibrahim Tabet, et al. La France au Liban et au Proche-Orient du XIe au XXIe siècle : essai historique. Beyrouth : Ed. de la Revue phénicienne. 2012.

[5] Le Monde. (1973, 9 octobre). LA DÉCLARATION DU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES M. Jobert.https://www.lemonde.fr/archives/article/1973/10/10/la-declaration-du-ministre-des-affaires-etrangeres-m-jobert-est-ce-que-tenter-de-remettre-les-pieds-chez-soi-constitue-forcement-une-agression-imprevue_3095844_1819218.html

[6] Conférence de presse de Valéry Giscard d'Estaing, 26 juin 1980 : https://www.vie-publique.fr/discours/134245-conference-de-presse-de-m-valery-giscard-destaing-sur-la-politique-etr

[7] Elysee. (1988, 23 novembre). Interview de M. François Mitterrand, Président de la République. elysee.fr. https://www.elysee.fr/francois-mitterrand/1988/11/23/interview-de-m-francois-mitterrand-president-de-la-republique-au-journal-liberation-le-23-novembre-1988-sur-les-grands-axes-de-la-politique-etrangere-francaise

[8] Le Monde. (1982, 21 février). M. Cheysson déclare : " Un État palestinien doit être créé dans les territoires occupés ". Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/archives/article/1982/02/22/m-cheysson-declare-un-etat-palestinien-doit-etre-cree-dans-les-territoires-occupes_2885857_1819218.html [Consulté le 13/05/2024]

[9] Discours du président français à Ramallah, en Palestine | Perspective Monde. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire/1818

[10]Discours de Jacques Chirac, Le Caire, 8 avril 1996. https://www.vie-publique.fr/discours/158982-discours-de-m-jacques-chirac-president-de-la-republique-sur-la-cooper

[11] Le Monde. (2009, 5 mai). Le discours de politique étrangère de Nicolas Sarkozy. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/societe/article/2007/08/27/le-discours-de-politique-etrangere-de-m-sarkozy-integralite_947776_3224.html

[12] Sieffert, Denis. (2014). François Hollande et le conflit Israélo-palestinien. Un irrésistible parti pris. Recherches Internationales, n°100, 181‑190. https://doi.org/10.3406/rint.2014.1410

[13] Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Processus de paix. France Diplomatie - Ministère de L’Europe et des Affaires Étrangères. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/processus-de-paix/

[14]Elysee. (2023, août 28). Conférence des Ambassadrices et des Ambassadeurs : le discours du Président Emmanuel Macron. elysee.fr. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/08/28/conference-des-ambassadrices-et-des-ambassadeurs-le-discours-du-president-emmanuel-macron

[15]Elysee. (2023, octobre 24). Déplacement du Président de la République en Israël. elysee.fr. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/10/24/deplacement-du-president-de-la-republique-en-israel

[16]Elysee. (2023, octobre 24). Déplacement du Président de la République à Ramallah. elysee.fr. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/10/24/deplacement-du-president-de-la-republique-a-ramallah

[17]Elysee. (2023, novembre 19). Entretiens téléphoniques du Président de la République avec Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité palestinienne, puis avec Benyamin Netanyahou, Premier ministre de l’État d’Israël. elysee.fr.https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2023/11/19/entretiens-telephoniques-du-president-de-la-republique-avec-m-mahmoud-abbas-president-de-lautorite-palestinienne-puis-avec-m-benyamin-netanyahou-premier-ministre-de-letat-disrael

[18]Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Nations unies - Israël/Gaza - Déplacement de Catherine Colonna au Conseil de Sécurité (24.10.23). France Diplomatie - Ministère de L’Europe et des Affaires Étrangères. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/israel-territoires-palestiniens/actualites-et-evenements/2023/article/nations-unies-israel-gaza-deplacement-de-catherine-colonna-au-conseil-de

[19]  Ministère des Armées. Gaza : Fin de la mission pour le Dixmude (27.01.2024).

 https://www.defense.gouv.fr/actualites/gaza-fin-mission-dixmude

[20]Conférence internationale humanitaire pour la population civile de Gaza : Appel de 13 ONG à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et en Israël - Médecins du Monde. (2024, 12 janvier). Médecins du Monde. https://www.medecinsdumonde.org/actualite/conference-internationale-humanitaire-pour-la-population-civile-de-gaza-appel-de-13-ong-a-un-cessez-le-feu-immediat-a-gaza-et-en-israel/

[21]Disclose.ngo. Disclose.ngo. https://disclose.ngo/fr/article/guerre-a-gaza-la-france-equipe-en-secret-des-mitrailleuses-utilisees-par-larmee-israelienne

[22]Rédaction Public Sénat. (2024, 12 avril). Exportations d’armes à Israël : le ministre des Armées répond aux révélations de Disclose - Public Sénat. Public Sénat. https://www.publicsenat.fr/actualites/international/exportations-darmes-a-israel-le-ministre-des-armees-repond-aux-revelations-de-disclose

[23]La question palestinienne « reste, pour les peuples arabes, la mère des batailles » , affirme Villepin. (2023, 27 octobre). L’Orient-Le Jour. https://www.lorientlejour.com/article/1355002/la-diplomatie-doit-aider-israel-a-avancer-sur-la-question-palestinienne-qui-ne-seffacera-pas.html

[24] Massacre de la farine 29 février 2024 https://disclose.ngo/fr/article/guerre-a-gaza-la-france-equipe-en-secret-des-mitrailleuses-utilisees-par-larmee-israelienne

[25]https://www.defense.gouv.fr/rapport-au-parlement-2023-exportations-darmement-france

[26] Elysee. (2022b, septembre 1). Discours du Président Emmanuel Macron à l& # 039 ; occasion de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs. elysee.fr. https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/09/01/discours-du-president-emmanuel-macron-a-loccasion-de-la-conference-des-ambassadrices-et-des-ambassadeurs

[27] L’Assemblée générale vote à une écrasante majorité pour l’admission de l’État de Palestine à l’ONU et rehausse son statut d’Observateur permanent | Couverture des réunions & communiqués de presse. (s. d.). https://press.un.org/fr/2024/ag12599.doc.htm

[28] Libération. (2024, 29 avril). Plusieurs pays de l’UE devraient reconnaître l’Etat palestinien d’ici à fin mai, selon Josep Borrell. Libération. https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/plusieurs-pays-de-lue-pourraient-reconnaitre-letat-palestinien-dici-fin-mai-selon-le-patron-de-la-diplomatie-europeenne-20240429_DXT7Q54IPVFVVJA4DAFBOTCYYQ/

[29]franceinfo. (2023, 7 novembre). Conflit Israël-Hamas : la riposte israélienne n’est « ni ciblée ni proportionnée » [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=vY7Iw54NiWM

[30]L’Opinion. (2023, 7 novembre). Pour Dominique de Villepin, le départ des colons israéliens en Cisjordanie est « le prix de la sécurité pour Israël » - l’Opinion. L’Opinion. https://www.lopinion.fr/international/pour-dominique-de-villepin-le-depart-des-colons-israeliens-en-cisjordanie-est-le-prix-de-la-securite-pour-israel

[31]https://www.afd.fr/fr/page-region-pays/palestine

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